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Selon la dernière étude de JLL, le flex office pourrait concerner plus de 4 salariés français sur 10 d’ici deux ans. Si le bilan de son déploiement est globalement positif, il continue pour autant de susciter quelques craintes.

Dans sa dernière étude, le département Work Dynamics de JLL a interrogé 1 000 salariés français afin de comprendre comment le flex office était vécu dans les entreprises aujourd’hui. Car le phénomène se massifie. Pratiqué par 8 % des salariés français avant la pandémie, le flex office est désormais déployé auprès de 26 % d’entre eux. Un modèle d’organisation en pleine croissance qui pourrait concerner 40 % des salariés au terme des deux prochaines années selon JLL.

Dans le détail, et sans grande surprise, ce sont dans les entreprises franciliennes que le flex office est le plus répandu (32 % VS 23 % des salariés en région) et dans les entreprises du secteur privé (30 % contre 12 % des salariés du secteur public). « Actuellement, le ratio de flex est à 7 postes pour 10 collaborateurs, soit un taux de mutualisation légèrement plus ambitieux qu’avant-Covid. Ceci s’explique par l’effet de massification, avec des secteurs entiers tels que l’administration qui ont rejoint ce mouvement. Si l’on se focalise sur le secteur privé, les ratios pratiqués sont encore plus transformants et atteignent jusqu’à 6 voire 5 postes pour 10 personnes. Dans l’administration, on reste sur des taux plus mesurés : autour de 8 à 9 postes pour 10. Mais la grande rupture, c’est que tous les secteurs s’y mettent, sans exception », observe Rémi Calvayrac, directeur du département Work Dynamics de JLL.

Un bilan globalement positif bien qu’encore teinté d’inquiétudes

Si les salariés voient dans le passage au flex office une motivation avant tout financière, l’adoption du travail hybride dans la durée rend entendable la rationalisation des mètres carrés. « Le flex office est devenu un véritable projet d’entreprise, loin du fantasme des open-spaces déshumanisés et éprouvants pour les salariés. C’est aujourd’hui un modèle plus abouti, porté par des directions plus transparentes sur leurs motivations, notamment économiques. Notre étude relève que ce discours de vérité joue beaucoup dans l’acceptation des salariés. Ils voient aussi l’aspect gagnant-gagnant : 80 % d’entre eux y voient la garantie d’un accès au télétravail », explique Flore Pradère, directrice Recherche et Prospective Work Dynamics chez JLL France. Pour les salariés sondés, le top 3 des conditions d’acceptation du flex office sont notamment la garantie d’un endroit pour s’installer, la qualité des bureaux, des espaces communs et des services ou encore la possibilité de s’asseoir à côté de ses collègues.

Toutefois, des inquiétudes demeurent. L’enquête montre également qu’un quart des salariés en France restent réticents à l’adoption du modèle. Parmi les craintes citées : l’érosion du lien entre salariés, de la qualité de la collaboration, et de la motivation à venir au bureau. Ces inquiétudes touchent surtout les salariés non pratiquants du flex office. Pour les salariés passés en flex office, 71 % déclarent être satisfaits de la mise en place de cette organisation dans leur entreprise. Les conditions du succès reposent essentiellement sur le dialogue social, la qualité du management, le confort et l’animation des espaces. « Les salariés sont en quête de pédagogie et de considération. Les entreprises ayant le mieux intégré le flex office dans leur fonctionnement sont celles qui se sont donné le temps de mener à bien leur projet et ont accompagné la transformation de bout en bout, depuis la définition jusqu’à la mise en œuvre et l’amélioration continue du modèle », commente Rémi Calvayrac.

Des interrogations quant à sa pérennité

Le flex office crée un compromis entre salariés et directions dans le contexte économique, social et organisationnel actuel. Sans susciter d’engouement total, ni créer d’adhésion aveugle, il entre progressivement dans les mœurs. L’étude souligne notamment que 73 % des salariés de bureaux français considèrent qu’il répond par exemple aux nouvelles attentes en matière de modes de travail et 81 % pensent qu’il est appelé à durer compte tenu des enjeux économiques et environnementaux.

Toutefois, 59 % s’interrogent sur les effets potentiellement délétères du modèle flex et considèrent qu’il pourrait bientôt être dépassé. « À court terme, le flex office semble avoir trouvé un équilibre et être parvenu à maturité, note Flore Pradère. Mais dans une perspective plus long-terme, l’incertitude domine. Si salariés et employeurs s’accordent sur le fait qu’un retour en arrière n’est ni possible, ni même souhaitable, les points de vue diffèrent quant au devenir du flex office tel que nous le connaissons aujourd’hui ».