
En septembre 2025, le cabinet de conseil spécialisé Saegus et l’institut Odoxa ont publié l’étude « L’IA et les Français au travail : une relation en devenir », qui explore les habitudes et attentes des salariés en matière d’usage de l’intelligence artificielle au bureau. Ce sondage montre que si la technologie est relativement adoptée dans les entreprises, elle suscite encore des craintes, notamment quand son développement n’est pas maîtrisé.
Une stratégie d’entreprise ?
Un des enseignements de cette analyse est le caractère stratégique de l’implantation de l’IA dans les entreprises. Pour 60 % des salariés, l’initiative est venue de la direction (souvent en lien avec les équipes techniques). À l’inverse, pour 40 %, l’IA est arrivée au bureau de manière opportuniste, sans ligne directrice. « Ce clivage est déterminant dans l’expérience des collaborateurs vis-à-vis de l’IA », indique Saegus. 56 % des salariés ont ainsi été formés à l’usage de l’IA, dont 12 % à titre personnel, tandis que 44 % n’ont reçu aucun accompagnement formel et déclarent s’être autoformés. 71 % considèrent également que le recours à l’IA sera encouragé par leur direction à l’avenir.
Données, souveraineté et emploi
Autre sujet évoqué dans l’étude, et non des moindres : la sécurisation des outils d’IA utilisés par les collaborateurs. Les trois quarts d’entre eux se connectent à des plateformes non fournies ou validées par leur entreprise. Ceci pose la question de l’existence de solutions internes adaptées d’une part ; mais aussi celle de la conformité de ces applications aux règlements des sociétés. D’ailleurs, parmi les inquiétudes des salariés envers l’IA, l’utilisation des données mène, suivie d’une consommation d’énergie trop importante et de la question de la souveraineté technologique (52 % aimeraient privilégier des IA européennes). D’autre part, 45 % des utilisateurs craignent que l’IA ne détruise des emplois (vs. 57 % de l’ensemble des salariés). « De nombreux salariés estiment que l’IA accomplit des tâches à leur place, générant un sentiment d’exclusion potentielle, même lorsque les gains de productivité sont reconnus », souligne Saegus.
L’IA transforme le bureau ?
En effet, l’intelligence artificielle a déjà modifié les habitudes de travail des salariés, pour le meilleur mais pas toujours… 87 % des personnes indiquent ainsi avoir gagné en productivité grâce à l’IA, notamment en réduisant le temps accordé à certaines tâches répétitives. Mais les salariés remarquent une nécessaire montée en compétences. 40 % craignent de ne pas toujours savoir comment utiliser l’IA et 35 % ressentent une forme de pression à devoir s’en servir pour être plus efficaces (les plus de 50 ans en particulier).
L’usage crée la confiance
Les salariés ont ensuite été interrogés sur les missions qu’ils réalisent à l’aide de l’IA. La génération de textes, images et vidéos arrive en tête, devant l’automatisation de tâches administratives et l’analyse de données. « Les cas d’usage liés à la relation client, au marketing-communication ou au recrutement restent nettement moins fréquents », explique Saegus. Une chose est sûre, la foi en l’IA vient en l’employant : 9 utilisateurs actifs sur 10 déclarent avoir confiance dans ces outils, versus 44 % des salariés en général. Par ailleurs, 86 % des sondés estiment que cette technologie n’a pas encore révélé tout son potentiel dans le cadre du travail.