Businessman with many hands in a suit. Works simultaneously with several objects, a mug, a magnifying glass, papers, a contract, a telephone. Multitasking, efficient business worker concept © 123RF/ Aliaksandr Marko
Après près d’un an de lectures croisées, les étudiants de Sciences Po et les journalistes du Monde ont récompensé l’ouvrage « Le travail pressé » de Corinne Gaudart et Serge Volkoff qui nous invitent à sortir du « modèle de la hâte ».

 
 

Le prix Penser le travail organisé par Sciences Po et le Monde a récompensé les travaux de Corinne Gaudart et Serge Volkoff pour leur ouvrage « Le travail pressé ». Les deux ergonomes y décrivent les changements du rapport au temps avec notamment de nouvelles pressions temporelles liées à l’intensification du travail dans les organisations. Ils mettent en garde contre la dégradation de la qualité du travail qu’elles peuvent engendrer. Depuis une vingtaine d’années, les professionnels, forcés d’intégrer une « logique produit » et « une orientation client » pour faire face à une concurrence exacerbée, ont la sensation grandissante d’accomplir un « travail dégradé ». Pourtant « faire un travail soigné » est un « facteur de santé et d’épanouissement », rappellent les deux auteurs qui conseillent de sortir du « modèle de la hâte ». Cela implique de redonner toute leur place aux actions invisibles mais essentielles (préparation du travail, vérifications, concertation avec les collègues…), de prendre en compte le temps long et donc de réaliser ce qu’ils appellent une « écologie des temps du travail ».

Présenté comme célébrant « la complexité du monde du travail et l’importance qu’il y a à l’observer de près pour en préserver la qualité », le prix Penser le travail est le fruit de lectures croisées entre les étudiants des masters management de SciencesPo ainsi que les DRH et journalistes du Monde. Pendant 1 an, les 80 enquêtes, manuels, essais et autres témoignages sur le monde du travail publiés en 2022 ont été passés au crible de 6 critères : la nouveauté du sujet, la qualité de l’argumentation, le fondement scientifique, la lisibilité, l’apport à la réflexion bien sûr, et enfin la pertinence pour l’action, à laquelle les responsables des ressources humaines sont particulièrement attentifs.

« Le travail pressé » partage le podium avec « Le deuxième corps » de Karen Messing et « Le soin des choses » de David Pontille et Jérôme Denis. Professeure émérite à l’université du Québec, Karen Messing pose la question de la santé au travail par le prisme du genre en démontrant la nécessité d’adapter les environnements à la diversité des corps, le milieu du travail ayant été pensé pour celui des hommes. De leur côté David Pontille et Jérôme Denis ont mené une enquête sur la maintenance et sur la nécessité du secteur pour assurer une forme de continuité en se préoccupant « de ce qui ne fait pas évènement. » Les trois ouvrages se rejoignent sur leur approche clinique du travail mettant en exergue les points de rupture et la dégradation du travail, précise l’article du Monde.