Dans les bureaux de... Yemanja : retour aux sources

Après 3 ans dans le marais, les équipes de Yemanja ont pris leur quartier dans le 3e arrondissement parisien investissant un bâtiment voué à la destruction et désormais transformé en un flagship flamboyant. Baptisés La Source en référence à la déesse afro-brésilienne, reine du monde aquatique, qui a donné son nom à l’entreprise, les nouveaux locaux du premier du cabinet d’architecture spécialisé dans l’aménagement de bureaux se trouvent à deux pas de la station de métro Strasbourg Saint-Denis, dissimulés derrière une vitrine taguée qui ne paye pas de mine. « Il s’agit d’une ancienne boutique de bijoux fantaisies tristement rendue célèbre par un braquage ayant eu lieu au début des années 1920 », nous précise Quentin Audrain, fondateur du cabinet. Classée bâtiment remarquable, la façade ne peut être modifiée, Yemanja s’est donc concentré à mettre sa patte à l’intérieur, dans les 1 200 m² d’espaces.

Dès l’entrée, le look est affirmé : au plafond, l’équipe a suspendu des centaines de rubans brésiliens, un travail qui l’a mobilisé trois jours entiers durant les travaux, de grands miroirs recouvrent les murs courbes et deux ouvertures voûtées habillées de rideaux de perles nous emmènent respectivement vers un vestiaire où les salariés peuvent ranger manteaux, sacs et autres casques de vélo à leur arrivée, et vers un escalier menant au sous-sol.

Il faut donc emprunter l’escalier à droite de la porte d’entrée pour arriver dans le cœur des bureaux, un grand espace commun entièrement ouvert, point d’arrivée et de départ du parcours circulaire imaginé par les architectes. Deux grands canapés disposés en L et adossés à l’une des trois fenêtres toute hauteur font face à une télé. Un espace utilisé tout aussi bien pour boire un thé après le repas que pour des points de groupe ou des présentations plus importantes.

Derrière, une grande table de ferme pouvant accueillir une quinzaine de personnes, suivi d’une cuisine rouge assortie d’un néon au nom de la boîte. L’entreprise a également installé un petit bar à côté pour les évènements qui réunissent les 40 membres de l’équipe. « Mais l’espace peut facilement accueillir entre 80 et 120 personnes, nous cherchons donc à le faire vivre en dehors de l’entreprise », indique Quentin Audrain.

De l’autre côté de l’escalier, une zone plus intimiste, 4e typologie d’espace qu’offre cet immense plateau. Plus bas de plafond, il accueille les salariés dans un cocon de détente pour des pauses en partageant une partie de jeu vidéo confortablement installés dans de gros fauteuils ou autour d’un lancer de fléchettes.

Nous accédons aux espaces de bureau en passant par un patio dont le sol et les murs sont recouverts de céramiques bleues, une copie presque parfaite des patios portugais. Baignés de lumière grâce à un velux de toit, les salariés y font pousser quelques plantes. Au mur, une tête de lion bronze distribue de l’eau potable aux passants, une source vive, clin d’œil au nom des nouveaux locaux.

Le patio donne accès à une grande salle « de pitch », inspiration année 1970 avec son puits creusé au centre. Nommée « The Drop », elle est utilisée pour les réunions d’équipe tous les lundis matin et les présentations clients. En face, une grande télévision est installée au milieu d’une bibliothèque toute hauteur aux allures d’échafaudage ou sont disposés livres d’architecture et éléments de décoration en rapport avec l’activité de Yemanja.

Plus loin, des espaces bureaux. Ici, pas de places attitrées, les salariés se déplacent tout au long de la journée au gré de leurs besoins. Ils peuvent se retrouver autour de deux grandes tables rondes, dans un open space aménagé avec des benchs classiques, ou encore dans une salle de projet, où se mêlent benchs et tables hautes.

Enfin, les plus concentrés trouvent le calme nécessaire dans la silent room, un open space avec une grande table haute où, comme son nom l’indique, il est interdit de discuter.

Si le besoin d’échanger se fait sentir, deux fauteuils les attendent dans la Cabane, espace attenant baptisé en référence au bardage bois qui l’isole et au papier jungle au mur.

L’entreprise a également misé sur la multiplication des typologies dans les espaces de collaboration. Parmi elles, deux petites salles de réunions, l’une à la décoration affirmée, comme immergée dans un sanctuaire pour oiseaux et insonorisée grâce aux panneaux acoustiques entièrement éco-conçus par la Fab.BRICK et la seconde à l’aménagement plus neutre, dont le sol en liège lui confère la particularité d’avoir un impact carbone négatif. Une salle plus classique avec une grande table ovale équipée d’un grand écran peut également accueillir un plus grand nombre de salariés pour des réunions ou des visios plus formelles.

« Nous avons remarqué que la plupart des projets se réalisent en duo, nous voulions donc proposer des typologies d’espace dédiées à cette collaboration en plus des open spaces et autres salles de réunion », nous explique Quentin Audrain. Un cube a donc été divisé en trois typologies d’espace différentes, répondant chacun aux besoins d’une étape du projet. L’une avec une table haute pour les réflexions communes, l’autre avec canapé et écran pour présenter les avancées et la troisième avec une table et des chaises pour des entrevues plus rapides et informelles.

Quant au mobilier sur mesure, il a été réalisé par les équipes elles-mêmes à partir de plateaux Le Pavé, en plastique recyclé. Pour cela, l’entreprise s’est offert le luxe d’un immense espace de conception de 400 m2 au sous-sol. Un grand atelier pour les menuisiers, un espace pour le travail du métal, un prochain dédié à la peinture et un espace de stockage des éléments issus de précédents chantiers ou en attente pour un futur projet composent le « coin bricolage » occupé par une équipe de 10 personnes.

« Ce projet nous a permis de tester directement chez nous l’ensemble des matériaux avec lesquels nous travaillons chez nos clients », souligne le fondateur de Yemanja. L’entreprise, très engagée sur le volet de l’éco conception, a sourcé une palette de matériaux éco responsable. En plus de l’installation de liège au sol d’une des salles de réunion et de l’utilisation des briques acoustiques de la Fabrique, l’entreprise a utilisé du carrelage sans cuisson fait à partir de vase en Bretagne dans l’ensemble de ses sanitaires. Elle a également installé des casiers fabriqués à base de treillis militaires. Côté mobilier, elle collabore avec Polygood, Komut ou encore Ostreia.

Tous sont exposées dans la matériauthèque, sorte de Laboratoire où il est possible pour les architectes de toucher, arranger et tester carrelage, peinture et autres briques acoustiques.

Son engagement se poursuit également sur le volet social. Au milieu des espaces de travail, une petite cabine vitrée, privatisée à l’aide d’un rideau opaque et équipée d’une petite salle de bains et d’un espace nuit accueille pour la nuit ou pour quelques semaines un bénéficiaire du programme des Bureaux du cœur.

« À la base nous ne cherchions pas si grand, notre équipe comptant pour le moment 40 personnes, mais finalement nous avons vu juste car tous les espaces sont utilisés quotidiennement », conclut Quentin Audrain, d’autant que les équipes de LeoSquare les ont récemment rejoints.