Qui dit retour au bureau dit… déj au resto ! À l’heure actuelle, pas vraiment : les restaurants ont rouvert mais seulement en terrasse et la reprise progressive des activités impose des règles strictes en matière de restauration collective. Les collaborateurs disposant d’un RIE ont ainsi vu leur panel de menus subir un régime drastique, alors que les consignes sanitaires augmentaient (réduction du nombre de collaborateurs dans l’espace de restauration, condamnation de chaises et de tables, suppression des comptoirs en self-service, des fontaines à eau, etc.). La période est plus propice aux casse-croûtes engloutis à son bureau qu’aux grandes tablées. Et pour les télétravailleurs, encore majoritaires actuellement dans le secteur tertiaire, les solutions se multiplient pour leur apporter de quoi se sustenter. La livraison de plateaux-repas à domicile version cantine 2.0 se déploie.
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Cantine 2.0 à domicile
Chaque enseigne tente d’adapter son offre pour faire face à l’essor d’un nouveau besoin : des repas livrés directement où se trouve le salarié. Et ces derniers temps, il se trouvait plutôt chez lui ! Les acteurs historiques de la livraison à domicile pour particuliers ont bien saisi l’enjeu d’être présents aux côtés des télétravailleurs. Mi-mars, aussitôt les annonces gouvernementales appliquées, Uber Eats mobilise ses équipes « pour faciliter le télétravail », en supprimant les frais de livraison sur l’heure du déjeuner, en semaine et ce jusqu’à fin mars. Début avril, la plateforme annonce une extension de son offre aux entreprises, Uber for Business, à la livraison de repas pour les salariés télétravailleurs, en s’appuyant sur sa branche Uber Eats. « La réservation peut se faire de deux manières : soit avec l'outil dédié à la gestion du compte de l'entreprise en mode commande groupée ou individuelle, soit via Uber Eats et la carte « corporate », dont les entreprises définissent les critères selon leurs collaborateurs », argumente la direction France d'Uber. Et le pari semble payant pour la start-up. Uber for Business, opérationnel dans l'Hexagone depuis septembre 2014, est aujourd'hui utilisé par plus de 6 000 entreprises.
Autre enseigne sur le même créneau : Frichti, qui avait lancé dès février 2020 une nouvelle offre alléchante pour les employeurs avec sa "Cantine.2.0". Ce service 100 % digital de livraison de repas sans contact permet à des salariés de grouper leurs commandes de déjeuner. Pendant le confinement, l'entreprise n'a pas manqué de communiquer sur la livraison possible également à domicile. La carte évolue tous les jours pour proposer des plats cuisinés « maison » à partir d’ingrédients frais et de saison. La plateforme est même allée plus loin encore dans l'adaptation de l'offre en proposant toutes les semaines une sélection de plats préparés Frichti qui pourront être commandés sous forme de kit recettes à cuisiner chez soi, le tout subventionné de manière équivalente à l’offre de plats préparés.
© Nestor
Ainsi, pour aider les entreprises désireuses d’offrir à leurs employés un service de restauration varié et sécurisé, plusieurs ont fait évoluer leur cantine en ligne en proposant la livraison à domicile. C’est le cas de Dejbox, spécialisée dans la livraison de repas en entreprises. L’enseigne entend bien accompagner ses clients salariés en télétravail sur leur pause déjeuner et a ainsi mis en place une nouvelle offre à destination des entreprises dont les cantines demeuraient fermées au moment du déconfinement. Au début du mois de juin, elle a annoncé l’extension de sa zone de livraison à domicile : le service est désormais accessible à tous les arrondissements Paris, les communes du nord et du sud de l’Île-de-France, Lille, Lyon, Bordeaux, Grenoble et Nantes. Même dynamisme chez Nestor Pro Home Office, une cantine d’entreprise « haut de gamme à la maison ». Les équipes se sont adaptées à la période du confinement en proposant des solutions pour restaurer les collaborateurs chez eux et continuent aujourd’hui d’agir en ce sens. Leur promesse : un menu livré chaud aux collaborateurs.
Avec ses repas en bocaux cuisinés par un chef à partir de produits frais et français distribués sur les lieux de travail dans des distributeurs réfrigérés, Le bon bocal relève lui aussi le défi de la reprise. La start-up vient de mettre en place la livraison de commandes aux particuliers dans un rayon de 50 km autour de leur boutique (située dans le 77). Les produits peuvent également être directement récupérés sur place. Et elle promet de nouvelles offres très bientôt : son cofondateur Julien Icard a annoncé sur LinkedIn le « lancement de nouvelles offres afin d'accompagner au mieux les besoins de restauration en entreprise ou à la maison ».
© Foodles
Du changement au bureau aussi
Au bureau aussi, il a fallu s'adapter au moment de la reprise. Avec le déconfinement, Foodles a ainsi misé sur la cantine dématérialisée. Ils axent sur une solution de restauration compatible « post confinement » avec respect des normes sanitaires, procédure de livraison stricte, retrait des plats sans contact, aménagement des cafétérias. Déjà présente en Île-de-France depuis 2016, son offre se déploie à présent à Lille et Lyon. Cette alternative aux restaurants d’entreprises livre chaque jour des menus dans des frigos. « Depuis l'annonce du déconfinement, nous vivons une accélération de notre développement car la solution Foodles est en mesure d'encaisser des hausses et des baisses de fréquentation des cantines d'entreprises, contrairement aux acteurs traditionnels », expliquent Michael Ormancey et Clément Bonhomme, les deux fondateurs de Foodles, au site Neorestauration. « Sur Lyon, nous avons déjà trois projets de cantines dématérialisées d'ici septembre, poursuivent-ils. Nous sommes à la fois en contact avec des entreprises, mais aussi des gestionnaires d'immeubles de bureaux intéressés par notre solution ». Le marché, qui connaissait déjà de nombreux bouleversements avant la crise sanitaire, devrait amorcer dans les mois à venir un nouveau tournant.