« Nous sommes (…) à un moment de bascule : le numérique peut tout autant augmenter notre empreinte écologique que nous apporter les opportunités pour la réduire et accélérer la transition », estime Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Pour faire le bilan des pratiques actuelles et de leur conséquences, WWF France et le club Green IT ont évalué l’empreinte environnementale du numérique et la maturité de 24 grandes entreprises (1) françaises privées et publiques tous secteurs confondus. Ils ont publié les résultats dans leur étude WeGreenIT. « Il s’agit de déclaratif », tient à souligner Aurélie Pontal, responsable de partenariats au WWF France. Cette démarche volontaire de la part des entreprises répondantes consiste en un état des lieux de leur parc informatique mais également en « un échange de bonnes pratiques ».
L’environnement de travail : première source d’impact
Sans grande surprise, l’étude confirme l’importance des impacts environnementaux associés à l’empreinte numérique d’un utilisateur au sein d’une entreprise. La fabrication des équipements informatiques compte parmi les principales sources d’impacts environnementaux (29 % de la consommation énergétique, 54 % des émissions de gaz à effet de serre, 61 % de l’utilisation en eau et 97 % de l’épuisement des ressources). Mais contrairement aux idées reçues, la consommation énergétique des datacenters n’est pas la cause principale. Ce sont l’environnement de travail des utilisateurs (ordinateurs, écrans, périphériques externes) et celui du service informatique qui totalisent 44 % à 66 % des impacts selon les entreprises. Du côté des utilisateurs, c’est surtout la fabrication des équipements qui pose problème, mais aussi de leur alimentation en électricité. Du côté du service informatique, ce sont principalement les déplacements des collaborateurs IT et les et les mètres carrés de bureaux occupés par les services informatiques (serveurs, ...) qui sont les plus impactant.
Réemploi et éco-conception : les clés du succès
Si les entreprises ne mettent pas encore en œuvre les bonnes pratiques les plus efficaces pour réduire l’empreinte des postes de travail (comme mettre à jour le matériel plutôt que le remplacer), elles fournissent cependant un effort sur des pratiques jugées plus faciles à mettre en place et « assez efficaces », tels que le fait de dissocier le renouvellement des unités centrales des périphériques (écran, clavier…). Parmi les avancées positives mises en avant par l’étude, notons que la part des impacts liés aux impressions a chuté de façon spectaculaire du fait d’une baisse importante du nombre d’impression par utilisateur (17 pages en 2018 contre 25 pages en 2015). Mais cela est dû également à un plus fort recours au papier recyclé (58 % en 2018 contre environ 25 % en 2015).
Vers un allongement de la durée de vie des équipements
Autre point positif : l’augmentation de la durée de vie totale des équipements avec une généralisation du réemploi via les réseaux de l’économie sociale et solidaire (ESS) ou le secteur adapté (lié au handicap). Un signal jugé « très encourageant ». Cependant, « il existe un vrai enjeu sur la structuration des filières de réemploi et de recyclage », insiste Aurélie Pontal, responsable de partenariats au WWF France. Et encore de trop nombreuses entreprises semblent préférer le recyclage au réemploi du matériel informatique, bien que « le réemploi devrait être envisagé avant le recyclage ».
(1) Étude réalisée en mars 2018 à l’aide du référentiel de bonnes pratiques et du système d’évaluation du club Green IT auprès des entreprises : Aéroport de Paris, Caisse de dépôts et consignations, Cdiscount, Dell, Econocom, Edenred, Enedis, Engie, Gemalto, ITCE/ I-BP/BPCE-IT, Lactalis, La MAIF, La Poste, La SCOR, Leroy Merlin, Natixis, Pôle Emploi, RTE, Schneider Electric, SNCF, Société Générale, Solocal, Ubisoft France, Wordline (Atos Consulting Group).