Les chiffres sont connus et le constat est sans appel, le coût d’un poste de travail est en baisse continue depuis 10 ans avec un coût moyen (voyages et déplacements inclus) de 13 596 euros en 2020 (contre 17 163 euros en 2009) malgré des variations minimes selon les années qui ne contredisent pas la tendance de fond. Hors voyages et déplacements, la tendance se confirme avec un coût moyen de 11 116 euros en 2020 (contre 14 069 euros en 2009). Parallèlement à la baisse du coût d’un poste de travail, le coût du m² augmente depuis 10 ans avec un coût moyen (voyages et déplacement inclus) de 789 euros (contre 785 euros en 2009) malgré des variations annuelles principalement portées par l’évolution à la hausse des loyers, indexés sur l’inflation. Hors voyages et déplacements, le coût d’un poste de travail rapporté au m² coûte en moyenne 621 euros en 2020. La poussée des coûts liés au foncier des 10 dernières années qui rendent l’immobilier de plus en plus cher est principalement concentrée sur la hausse des taxes et des loyers. Si les taxes ont globalement baissé depuis 2009, avec une baisse moyenne de -34 % au m² grâce à la volatilité de la contribution économique territoriale, on observe des exceptions. La taxe foncière a augmenté de près de 30 %, alors que la taxe sur les bureaux en Île-de-France a plus que doublé depuis 2009 (+109 % par m²).
Une surface de poste de travail toujours plus réduite
Ces chiffres seuls sont muets mais pris ensemble, ils démontrent un véritable effort de gestion des DET avec une baisse décennale des coûts de 21 % alors que durant la même période, le reste des dépenses augmentait de 11 % en France, soit la hausse parallèle des loyers égale à l’inflation lissée sur ces années. Ces efforts de gestion se sont principalement caractérisés par une réduction majeure de la surface d’un poste de travail pour respecter les politiques de réduction des coûts. La concentration de plus de fonctions et services en un espace de plus en plus réduit augmente donc son coût au m². Les employeurs ont décidé d’assumer la densification en adaptant leurs salariés à la contrainte immobilière croissante. Cette adaptation, autant subie que choisie, constitue le choix de privilégier le dépenser moins sur le travailler mieux. Cela aboutit à la réduction de la surface d’un poste de travail, en apparence similaire à la baisse du coût moyen d’un poste de travail, avec une baisse de 23 % en 10 ans, passant de presque 25 m² en 2009 à 18 m² en 2020.
Une capacité de rebond attendue
Pourtant, au-delà de contraintes uniquement comptables, il faut voir dans cette réduction des coûts via la réduction de la surface du poste de travail, un processus de long terme, engagé bien avant la crise du Covid-19. Avec une évolution progressive du télétravail de plus de 5 points depuis 2018, l’organisation du travail s’est profondément transformée jusqu’à changer radicalement l’approche physique du bureau. Télétravail, espaces de coworking, flex office… Les solutions, déjà multiples, prennent de plus en plus d’ampleur dans un contexte où l’adaptabilité des salariés et des entreprises est un maître-mot. L’épidémie ne fait qu’accélérer des processus de transformation et d’optimisation des dépenses déjà actés. Les chiffres des Buzzy Ratios 2020, montrent la montée en puissance des espaces collaboratifs à destination professionnelle ou non dans les espaces de travail. Tout cela explique l’évolution des visions de l’entreprise et du travail qui deviennent de fait plus agiles. La capacité de rebond nécessaire des entreprises pour les faire entrer dans le nouveau monde post Covid-19 encore inconnu sera leur gage de survie dans un environnement où la rigidité est leur pire ennemi. Les différentes prévisions de croissance, qu’il s’agisse des services au bâtiment comme les consommations énergétiques ou les services de nettoyage seront profondément impactées par les nouvelles procédures et manières d’agir et d’interagir. Mais c’est surtout l’ensemble des moyens et équipements, comme les voyages et déplacements dont les prévisions en 2019 pour l’exercice 2020 étaient à 2 %, qui subiront les plus fortes variations. Il est déjà possible de transposer certains comportements pour minimiser les risques et réduire les pertes mais c’est dans ces dépenses accessoires à l’immobilier mais fonctionnelles dans le travail, que l’on verra les plus profonds changements. Au-delà du rebond, il faut que les entreprises impulsent à leurs salariés, dans des logiques managériales verticales, horizontales et à double-sens, les capacités de mutation nécessaires.