« Avant l'épidémie du Covid-19, les locataires étaient surtout à la recherche de bureaux leur permettant d'attirer et de garder les talents. On pourrait observer un retour vers un souci de maîtrise des dépenses et une stratégie différente en matière d'espace de travail » indique Serge Vayer, directeur tenant representation Savills France. En effet, pour les locataires du monde entier, le cash-flow et les liquidités sont la problématique principale, ce qui conduit les entreprises à tenter de réduire leurs dépenses en obtenant des réductions, des renégociations ou des reports de loyer. Ceci est particulièrement noté dans les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration, du retail et des loisirs. « Cette tendance va vraisemblablement se poursuivre au fur et à mesure que l'impact de l'épidémie s'étend à travers le monde », commente Jeremy Bates, executive director regional offices Savills.
Selon les analyses de Savills, certains locataires cherchent également à renouveler leur bail sur une durée plus courte afin d'éviter les coûts et les perturbations engendrées par un déménagement. D'autres cherchent à optimiser leur besoin d'espace : ils tentent de réduire la surface prise à bail ou de sous-louer une partie de leurs locaux. En Chine, certains locataires qui avaient récemment signé des baux ont déjà pu les renégocier avec des conditions plus favorables.
À court terme, les représentants Savills estiment que le marché va vraisemblablement évoluer en faveur des locataires plus que des propriétaires. Les utilisateurs en capacité d'agir rapidement ont l'opportunité de négocier des baux qui leur sont plus favorables. À plus long terme, la crise actuelle représente une opportunité pour les locataires de repenser leurs méthodes de travail. L'urgence de la situation a poussé bon nombre d'entreprises à tester à grande échelle leur capacité à adopter le télétravail. Cette pratique devrait gagner en popularité suite à la pandémie. Les entreprises pourraient ainsi chercher à diminuer la surface de bureaux louée, en repensant la conception de leurs espaces afin d'évoluer vers une organisation de travail flexible.
Côté propriétaires, investisseurs et promoteurs
De nombreux propriétaires négocient avec leurs locataires pour trouver une solution qui convienne à tous. Les autres restent, au contraire, passifs et attendent de voir comment évolue la situation. Jeremy Bates explique qu’« en échange de concessions et de reports de paiement, les propriétaires ont dans certains cas et de manière compréhensible exigé de leurs locataires qu'ils leur fournissent des perspectives chiffrées en matière de cash-flows actuels et futurs sur une période de temps déterminée. Au vu des circonstances sans précédent, il est plus que jamais vital que propriétaires et locataires des différents secteurs de l'immobilier travaillent ensemble pour mettre au point une stratégie de survie convenant à tous. La situation actuelle pourrait par conséquent accélérer l'évolution en cours du modèle de bail classique. »
L’attitude attentiste observée chez certains propriétaires se retrouve aussi chez certains professionnels de l'investissement. Toutefois, certains investisseurs opportunistes cherchent à profiter de la situation pour acquérir des actifs à moindre coût, ce qui conduit parfois à des écarts entre le prix affiché par les vendeurs et celui auquel sont prêts à consentir les acquéreurs potentiels.
Par ailleurs, la pandémie a fait naître un certain nombre de problèmes venant impacter le marché de la promotion immobilière. L'approvisionnement mondial a été perturbé, notamment pour certains matériaux de construction. La main-d'œuvre représente également un problème à certains endroits avec la fermeture des chantiers en réponse aux mesures de distanciation sociale.