À quoi ressemblent aujourd'hui les lieux de travail ? Pour une grande majorité (66 %) des actifs travaillant dans un bureau, la réalité de l’espace de travail principal reste toujours celle, traditionnelle, du bureau fermé. Pour la moitié de ceux qui disposent d’un bureau fermé, il s’agit même d’un bureau individuel. L’open space, révolution de la seconde moitié du 20ème siècle en matière d’aménagement de bureau, concerne pour sa part 34 % des actifs. Pour une majorité (65 %) de ceux qui travaillent en espace ouvert - soit 22 % du total des interrogés - il s’agit d’un espace de taille modeste, regroupant moins de 10 personnes. Mais si tous les bureaux ne se sont pas mués en open space, il n’en reste pas moins que les lieux de travail connaissent une lente mais sûre métamorphose. On note par exemple que le phénomène du travailleur nomade qui, smartphone en poche et ordinateur portable sous le bras, s’installe partout pour travailler, se diffuse. On en compte 53 % en 2019, soit 5 points de plus qu’en 2017. Les travailleurs nomades réguliers (qui travaillent en dehors de leur lieu principal de travail au moins plusieurs fois par semaine), quant à eux, restent stables, à 30 %. Ils représentent près d’un actif travaillant dans un bureau sur deux (47 %) en Île-de-France et 47 % également chez des millennials (18-29 ans).
QVT, une satisfaction de façade
Autre question essentielle de ce baromètre : les salariés travaillant dans un bureau sont-ils heureux ? « Oui… en apparence », répond l’étude. Si la très grande majorité des actifs interrogés (87 %, un chiffre en hausse de 7 points depuis 2017) se déclarent « satisfaits de leur qualité de vie au travail », seuls 24 % vont jusqu’à se dire très satisfaits. Se sentir « stressé dans son travail » est le lot de 46 % des actifs. Et 42 % d’entre eux se prennent parfois à penser que « leur travail manque de sens ». « C’est à bas bruit que le blues gagne les bureaux », indique le baromètre.
Plus inquiétant encore, parmi les 63 % qui sont, peu ou prou, d’accord avec l’affirmation « mon employeur se préoccupe de mon bien-être au travail », seuls 17 % en sont tout à fait convaincus. Parmi les facteurs qui contribuent à la satisfaction au travail, on trouve la position hiérarchique (sans surprise, les dirigeants sont les plus heureux, avec 52 % de très satisfaits concernant leur QVT), mais aussi la taille de l’entreprise (on est plus heureux dans les TPE que dans les entreprises de plus de 250 salariés) et le type d’espace de travail. En effet, ceux qui travaillent dans un bureau fermé individuel portent un regard plus positif sur leur qualité de vie au travail que ceux qui travaillent en grand open space. Et parmi les 14 % qui ont goûté au flex office, on compte 22 % d’insatisfaits concernant leur qualité de vie au travail, contre 13 % en moyenne chez les actifs travaillant au bureau.
L’espace de travail au cœur des enjeux
Une satisfaction en demi-teinte, donc, y compris en ce qui concerne les espaces de travail. En parallèle, on note chez les actifs sondés une progression de la certitude qu’il existe un lien entre espace de travail et qualité de vie au travail. Pour respectivement 50 % et 48 % d’entre eux, leur espace de travail a un impact « très important » sur leur santé d’une part, et sur leur bien-être d’autre part. Deux chiffres en hausse de 5 points depuis 2017. Aussi, quand on demande aux actifs travaillant dans un bureau ce qu’il leur faudrait « en priorité, pour améliorer leur bien-être et leur efficacité au travail », 25 % expriment le souhait de « pouvoir choisir plus librement leur lieu de travail selon leurs besoins ». Un chiffre en hausse de 5 points depuis l’enquête 2017, qui atteint 35 % chez les millennials (19-29 ans) et 33 % chez les travailleurs nomades réguliers.
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Là où le bât blesse, c’est qu’alors même que monte la conscience d’un lien entre espace de travail et qualité de vie au travail, moins d’un quart (22 %) des actifs interrogés jugent leur lieu de travail très bien adapté à leurs besoins. Chez ceux qui sont insatisfaits concernant leur qualité de vie au travail, on trouve 66 % de personnes pensant que leur lieu de travail est mal adapté à leurs besoins. En témoigne la forte proportion (43 %) de personnes qui aimeraient disposer « d’un siège ergonomique réglable en fonction de leur anatomie et de leur façon de travailler ». Car parmi les équipements ardemment souhaités, le siège ergonomique, qu’on aurait pu croire déjà très présent (en réalité, 39 % seulement des interrogés déclarent en être équipés), se place troisième, derrière la table réglable en hauteur (48 %) et le mobilier connecté intelligent (46 %), largement moins fréquents dans les bureaux (20 % en sont équipés aujourd'hui, dans les deux cas).
Bémols sur le confort et l’ergonomie
Question ergonomie d’ailleurs, le domicile, bien que de loin le mieux placé, reste tout de même améliorable. Par exemple, seuls 38 % de ceux qui y travaillent sont « très satisfaits » de l’ergonomie du siège, et 39 % de celle de la table qu’ils utilisent. Ceux qui travaillent dans les cafés et les restaurants leur décernent la palme de l’inconfort, si l’on en juge par les faibles scores de « très satisfaits » concernant la possibilité de recharger ses appareils mobiles (21 %), la place disponible pour étaler ses affaires de travail (19 %), l’éclairage (19 %), le confort des sièges (19 %), de la table (18 %) ou le niveau de bruit (17 %). C’est à peine mieux pour les hôtels, qui rassemblent 25 % de « très satisfaits » pour l’ergonomie des sièges, 24 % en ce qui concerne la place disponible pour disposer ses affaires de travail et 23 % quand il s’agit de la place où ranger lesdites affaires. Côté espaces de coworking, les principales revendications se portent sur la température (seulement 22 % de « très satisfaits »), l’ergonomie des sièges (25 %) ou le niveau de bruit (26 %).
* Étude menée en février 2019 sous forme d’enquête en ligne auprès de 1 218 actifs occupés français travaillant dans un bureau.