picture
Ces dernières semaines, les initiatives des pouvoirs publics se multiplient pour convaincre les salariés d'adopter un deux-roues pour des déplacements sécurisés. Le vélo, nouvel allié du déconfinement ?

Avec les grèves de la fin 2019 et du début de cette année, l’utilisation du vélo en journée pour aller travailler connaissait déjà un certain engouement. La crise sanitaire pourrait bien répandre massivement ce phénomène. Aujourd’hui, rares sont les collaborateurs pressés de remettre les pieds dans le métro pour se rendre au bureau…

Pour inciter les Français à se déplacer à vélo pendant la période de déconfinement, le gouvernement a ainsi présenté un plan de 20 millions d’euros qui vise à soutenir la pratique du vélo et éviter un report des transports en commun sur la voiture. Dans un entretien au journal Le Parisien, la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne déclarait : « nous voulons que cette période fasse franchir une étape dans la culture vélo, et que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement en quelque sorte ». Une des mesures pour aider les Français à s’y mettre : un chèque réparation « coup de pouce » d’une valeur de 50 euros. L’idée : donner une seconde vie aux deux-roues. Pour en bénéficier, il suffit de se rendre chez un réparateur référencé pour remettre en état son vélo.

De plus, « pour encourager ce mouvement, nous renforçons la sécurité des cyclistes en soutenant le développement des pistes cyclables temporaires », promet le ministère de la Transition écologique.Dans l'aire métropolitaine du Grand Paris par exemple, plus d'une centaine de kilomètres d'aménagements cyclables provisoires ont déjà été annoncés. La maire de Paris Anne Hidalgo travaille actuellement avec les départements de la petite couronne pour un réseau de pistes cyclables sans rupture entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest parisien et des pistes cyclables provisoires devraient être aménagées le long des lignes de métro les plus fréquentées.

 

« Nous voulons que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement »

Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique

 

Pour aider à s'y retrouver, le Collectif Vélo Île-de-France vient de mettre en ligne une carte interactive des pistes cyclables « existantes ou en projet », mais aussi des nouvelles pistes temporaires mises en place pour le déconfinement. L’outil est participatif et invite les cyclistes à signaler les zones à risque ou les nouveaux aménagements. La carte est accessible ici. Le collectif est par ailleurs à l'origine du projet de RER vélo, un réseau cyclable sécurisé de plus de 600 km, auquel la région a décidé d'apporter 300 millions d'euros.

Enfin, la création de places de stationnement temporaire pour vélo sera financée à hauteur de 60 % par le gouvernement ainsi que des « formations à la reprise d'un vélo en confiance, assurées gratuitement ». Côté entreprises, le plan prévoit une accélération de la mise en place du forfait mobilités durables qui permet aux employeurs de prendre en charge, jusqu’à 400 euros, les frais de déplacement de leurs salariés sur le trajet domicile-travail effectué à vélo.

 

Un challenge pour les entreprises

Mais si, sur le papier, ces promesses sont séduisantes, elles ne sont pas toujours évidentes à mettre en place. « La très grande majorité des entreprises ne sont pas prêtes », prévient Cyril Hergott. Pour que les « vélotaffeurs » se multiplient, il faut donner confiance aux salariés. « L’avantage, c’est que plus il y a de personnes qui roulent à vélo, plus la sécurité augmente car les cyclistes se sécurisent les uns les autres », commente le responsable RSE de Riposte Verte. Mais gérer la peur du déplacement n’est pas du ressort de l’entreprise. En revanche, elle doit garantir un local ou un dispositif spécifique pour garer les vélos en toute sécurité pendant les heures de travail. Seulement, « beaucoup d’entre elles n’ont pas prévu le besoin d’espaces de vélos dans les parkings, alerte Cyril Hergott. Des entrées et des places de stationnement pour la voiture, il y en a, ce n’est pas un problème. Mais pour un vélo, si la pente d’accès au parking est trop forte par exemple, c’est extrêmement dangereux. Le collaborateur à deux-roues doit descendre et pousser son équipement, ce qui ne garantit en rien sa sécurité. »

 

«  La très grande majorité des entreprises ne sont pas prêtes »

Cyril Hergott, responsable RSE de Riposte Verte

 

Par ailleurs, des douches et des vestiaires sont également nécessaires pour les salariés qui se déplacent à la force de leurs mollets. Autre possibilité pour les employeurs dont les locaux se situent dans des centres urbains denses : proposer des vélos à assistance électrique (VAE) de fonction à leurs salariés. Certaines le font déjà depuis plusieurs mois, en ayant recours à des prestataires spécialisés dans la mise à disposition de VAE haut de gamme. Autant de dispositions qui représentent évidemment un coût pour l’entreprise. Mais qui seront, sans aucun doute, un investissement gagnant pour l’avenir.