Dans son dernier baromètre paru en mars 2022, Julhiet Sterwen, conseil en transformation et innovation, s’intéresse au phygital workplace à l’aune des nouveaux modes de travail. David Gautron, directeur associé chargé de la phygital employee ­experience, nous en dit plus.

Vous venez de publier le baromètre Phygital Workplace 2022 en partenariat avec l’Ifop, structuré autour de quatre dimensions : le management, l’organisation, l’environnement de travail et les usages. Quels sont les principaux enseignements de cette ­édition ?

On observe premièrement que le management hybride a pris ses marques dans les organisations. Pour le plus grand nombre, ce mode de travail apporte des bénéfices incontestables, y compris du côté de la performance de l’organisation. Pour autant, il convient de nuancer cette vision de l’hybridation idéalisée, car deux points de vigilance sont identifiés par les managers : d’une part, le lien managérial se distendrait au fil du temps ; d’autre part, un risque de baisse de l’engagement des collaborateurs apparaît.

Ensuite, on remarque évidemment que le télétravail se normalise avec environ 70 % des répondants affirmant avoir des accords de télétravail dans leurs entreprises. Les impacts du télétravail commencent donc à ressortir dans ce baromètre de manière beaucoup plus prégnante. 56 % disent clairement observer une baisse du stress et 46 % des managers observent que le télétravail a permis de diminuer les tensions en termes de fonctionnement et de coopération d’équipe. Pour autant, les bénéfices sont à relativiser, car d’autres effets indésirables commencent à remonter ces derniers mois, liés à une appréhension duelle du télétravail opposant présentiel et distanciel : la baisse de concentration due à l’excès de temps passé sur un écran, la diminution du sentiment d’appartenance, l’isolement réel ou ressenti… Enfin, il y a clairement eu un boom des outils digitaux et des usages collaboratifs avec plus de 70 % des personnes désormais équipées en termes de mobilité.

Où en sont les entreprises dans leur transformation phygitale ? 

Sur la digitalisation des process et la dotation d’équipements, les chiffres sont très clairs avec une intensification de l’usage des outils digitaux. On a gagné quatre à cinq ans en termes de déploiement. L’enjeu se situe plutôt autour de l’organisation du travail au quotidien. Quelle est la journée ou la semaine type d’un salarié ? Tout cela nécessite de repenser le parcours des collaborateurs à titre individuel, mais aussi par et pour chaque équipe. La facilité à vraiment coopérer à distance s’exprime surtout avec un cercle restreint de personnes, grâce à un bon niveau d’interconnaissance préalable. En revanche, le passage à l’échelle vers un vrai collaboratif de 15-20 individus est beaucoup plus compliqué, et pose des risques de désynchronisation réels et quasi permanents.

Quel équilibre les entreprises doivent-elles trouver entre physique et digital ?

Si le télétravail semble acquis, 38 % des répondants le trouvant désormais primordial, les entreprises doivent travailler à réenchanter la venue sur site. Cela va notamment passer par les services, avec une expérience augmentée. On observe déjà qu’il est demandé des standards plus premium, par exemple sur la restauration, ainsi qu’une forte demande en matière d’hospitality management. Car on va peut-être moins venir sur site, mais on va s’attendre à y trouver une expérience plus enrichie et événementialisée.

Quels sont les outils digitaux les plus développés dans les entreprises que vous avez pu interroger ?

En premier lieu, pour répondre aux nouveaux besoins liés au travail à distance, les entreprises continuent à favoriser la dotation d’outils de mobilité amorcée le plus souvent avec la crise sanitaire : ordinateurs portables, tablettes, smartphones… Les salariés, et plus particulièrement les managers, sont également de plus en plus équipés de caméras, permettant de compenser l’absence de relations interpersonnelles directes.

Ils ont également, pour plus de la moitié d’entre eux, accès à un chat interne à l’entreprise, ce qui permet de conserver plus facilement un lien au sein des équipes. Ensuite, on observe que les outils collaboratifs sont désormais entrés dans les mœurs. Deux tiers des salariés les utilisent aujourd’hui quotidiennement et plus souvent qu’avant la crise ­sanitaire.

Retrouvez le baromêtre sur le site de Julhiet Sterwen

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