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Face à la situation inédite qui touche actuellement les entreprises, Workplace Magazine a souhaité laisser la parole aux responsables de l'environnement de travail qui continuent, au quotidien, à assurer la sécurité et la santé des salariés. Ils racontent leur expérience vécue, en cours et à venir. Les DET sur le front, épisode 7, avec Muriel Havas, head of facilities chez BlaBlaCar.

« Nous avions engagé le télétravail pour tous nos salariés un peu avant l’annonce du confinement. Le télétravail n’a pas été une nouveauté pour nous, 100 % des collaborateurs du siège étaient déjà habitués à ce mode de travail avant. En revanche ce qui a été crucial pendant ce confinement, c’est la communication. Et il y en a eu beaucoup ! Nous avons par exemple des communications de notre CEO toutes les semaines. Il informe l’ensemble des salariés sur l’impact de l’actualité sur notre activité, les mesures à prendre, l’impact business pour nous, la façon dont BlaBlaCar réagit et s’adapte à cette situation particulière. Et surtout, nous organisons des sessions de questions/réponses entre lui et les collaborateurs en visio. Il n’y a pas de filtre, on peut réellement se permettre de poser toutes les questions que l’on souhaite et il y répond pendant une heure. Nous avons aussi mis en place des sessions de learning, des cooking masterclass, des apéros visio…. afin que les employés conservent un certain lien entre eux. Nous envoyons également des enquêtes aux employés toutes les semaines, Le Pulse Check, pour prendre le pouls et faire remonter des informations, voir ce qui va ou ne va pas, etc. Cela nous permet ensuite de mettre en place certaines actions, comme par exemple un soutien psychologique avec des intervenants extérieurs. Passer à 100 % de télétravail n’est pas évident, en fonction des situations personnelles de chacun. Certains peuvent souffrir de stress, de baisse de motivation, de frustration, de problèmes d’organisation… Nous devons pouvoir détecter cela et les accompagner.

Nous avons aussi travaillé à l’amélioration des conditions de travail en permettant notamment à tous de pouvoir venir récupérer leur matériel (écrans, souris, casque…). Nous avons aussi lancé une campagne pour que les personnes puissent s’acheter des chaises de bureau et se les faire rembourser par l’entreprise de façon à ce qu’ils puissent travailler le mieux possible dans des conditions qui ne sont pas toujours évidentes.

 

Premières solutions et pistes de réflexion

Désormais nous organisons la reprise, vaste sujet ! Le plan de reprise est complexe à mettre en place car il faut s’assurer de pouvoir faire revenir les employés dans les meilleures conditions de sécurité possibles. Nous devons dans un premier temps réorganiser les espaces pour assurer la distanciation sociale et repenser le positionnement des personnes dans l’open space. Les salles de réunion vont, elles aussi, être gérées différemment. Les plus petites seront condamnées, nous ne garderons que les plus grandes. Nous allons aussi certainement supprimer l’ensemble des tables et peut-être des chaises. Et nous allons adopter une gestion sanitaire plutôt drastique : lavage de mains à l’entrée et à la sortie, aération de la pièce à la fin de la réunion, répartition des personnes dans l’ensemble de la pièce avec une signalisation dédiée au sol pour maintenir au maximum les distances de sécurité… Nous devons repenser l’intégralité des flux pour éviter au maximum que les personnes se croisent, revoir la signalétique avec le rappel des gestes barrières et établir des nouveaux comportements à adopter. Cela représente beaucoup de changements, de nouvelles modalités et process à mettre en place !

Sur les autres espaces de vie, comme les sanitaires ou les coins cuisine, là aussi il va falloir s’adapter aux mesures sanitaires, cela implique des changements de comportements et d’usage. Nous allons par exemple mettre en place des ouvertures de porte par coude grâce à un petit équipement qui se positionne sur la poignée et qui permet d’ouvrir la porte avec le coude et non plus avec la main. Nous allons installer des essuie-mains jetables avec poubelle à pédale pour limiter au maximum les points de contact.

Dans les cuisines, la vaisselle partagée va être supprimée. Pour autant je ne veux pas retomber dans des solutions intégrant du plastique. Il n’est pas question de retourner dans les travers de l’ancienne époque ! Nous allons donner un mug à chaque salarié, avec son nom dessus, et chacun devra le ramener le soir chez lui pour le nettoyer. Ce ne sont pour le moment que des pistes de réflexion. Nous allons profiter du télétravail prolongé comme recommandé par le Premier Ministre pour préparer au mieux la reprise. Je pense que l’on retournera dans nos bureaux, très progressivement, à partir de cet été.

 

Revenir aux fondamentaux

À mon sens, les priorités vont changer dans le choix des services et des prestations. Le ménage, qui avait jusqu’à présent tendance à être relégué, va passer au premier plan dans ce qui participe au bien-être des employés. De notre côté, nous travaillons d’ores et déjà à un nouveau cahier des charges avec notre prestataire La Providence pour y intégrer un nouveau plan de prévention, une nouvelle liste de produits, etc. Jusqu’à présent dans les discours, les sondages, c’était plutôt les à-côtés qui primaient pour attirer les talents. Aujourd’hui, la vraie valeur d’une société selon moi se trouve dans les moyens qu’elle met en œuvre pour s’assurer de la sécurité de ses employés. Cela me semble plus important que d’avoir des fruits secs par exemple ! Il y a eu ces derniers temps une surenchère sur celui qui offrirait le plus d’à-côtés… Nous devons revenir aux fondamentaux, nous voyons bien qu’en période de crise, c’est ce qui fait la différence.  »

 

 

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