Durant l’année 2018, plus d’un quart des Français, qui ont déménagé, l’ont fait pour raisons professionnelles. Si ce taux de mobilité professionnelle géographique est plus faible qu’aux Etats-Unis ou dans les Pays Scandinaves en moyenne, il est sensiblement supérieur à celui de Grande-Bretagne, Belgique ou encore Allemagne. Et la mobilité professionnelle géographique est l’affaire d’un profil type d’individus : les cadres, jeunes et célibataires. En 2018, c’est un tiers des moins de 35 ans (30 %) contre seulement 20 % des plus de 35 ans qui ont accepté de changer de bassin de vie et d’emploi. De la même manière, 34 % des cadres interrogés ont sauté le pas de la mobilité professionnelle, ainsi que 31 % des célibataires. Dès lors que les individus interrogés sont en couple, ce chiffre tombe à 17 %.
Cette mobilité professionnelle peut intervenir à plusieurs occasions : 12 % des Français ayant déménagé pour raison professionnelle ont effectué une mutation afin de rapprocher lieu d’habitat et lieu de travail, 12 % ont totalement changé d’emploi et d’entreprise, et 10 % ont déménagé pour entrer dans la vie active.
Par ailleurs, 38 % déclarent avoir changé de travail et d’habitat pour retrouver une meilleure qualité de vie et un épanouissement personnel. Tandis que la progression hiérarchique et la sécurisation de l’emploi sont cités par respectivement 14 % et 12 % des personnes interrogées, dont principalement les 25-34 ans qui font passer leur carrière professionnelle au premier plan.
La mobilité professionnelle géographique évolue donc en fonction de la maturité de la carrière des Français et de la structuration de la famille : si les perspectives d’un meilleur salaire et d’une progression hiérarchique sont des incitations notables pour les jeunes générations, les problématiques personnelles l’emportent passé 35 ans. Cette mobilité salariale se trouve aujourd’hui au cœur de compromis grandissants, qui nécessitent de véritables politiques d’accompagnement des employeurs.
Un accompagnement des employeurs encore perçu comme insuffisant
Une mobilité géographique n’est pas neutre pour une entreprise car cela implique nécessairement une entrée dans la vie privée des salariés, que ce soit par une prise en charge des frais de déménagement ou une aide dans leur vie quotidienne pour rendre l’expérience plus agréable. Parmi les Français ayant connu une mobilité professionnelle, seul 29 % ont souligné un réel accompagnement de leurs employeurs, dont majoritairement les cadres (39 %) ainsi que les individus vivant en région parisienne (45 %). L’entreprise a alors financé en totalité ou partiellement les frais de déménagement pour 62 % d’entre eux, a proposé un avantage financier pour 32 % ou les a aidés activement dans la recherche d’un logement (25 %).
Cette mise à disposition de moyens pour faciliter la mobilité professionnelle est aujourd’hui une demande grandissante des actifs, et la sensibilité de l’entreprise à ces questions est partie-prenante de l’attractivité d’un emploi. Bien que les préoccupations diffèrent en fonction de l’âge, les salariés qui n’ont pas été aidés par leurs employeurs ou qui n’ont jamais connu de mobilité professionnelle expriment les mêmes souhaits : les plus de 35 ans souhaitent avant tout être dédommagés des frais liés à une mobilité (63 %), tandis que les moins de 35 ans cherchent avant tout un avantage financier (49 %) ou une aide à la recherche de logement (36 %).
Déménager pour changer d’emploi : un compromis difficile à accepter
Accepter de changer de bassin de vie pour un emploi semble aujourd’hui être synonyme de compromis pour 81 % des Français, et une majorité des actifs avouent avoir du mal à surmonter les obstacles qu’ils perçoivent. Seul 19 % affirment pouvoir déménager sans problème si l’occasion se présente. L’éloignement familial est la contrainte majeure mise en lumière par 42 % des personnes interrogées. Parmi les femmes, 46 % voient d’ailleurs cet obstacle comme un réel motif de refus de mobilité professionnelle. Quant à l’attachement à la région d’origine, il constitue également un frein à la mobilité pour plus d’un quart des Français. Ce sont principalement les habitants des régions Est et Sud-Ouest qui manifestent un ancrage fort à leur territoire et qui pourraient, par peur de l’éloignement, refuser une opportunité professionnelle.
La difficulté pour le conjoint à retrouver un emploi – majoritairement pour les 35-49 ans – ainsi que les coûts d’un déménagement découragent également les Français avec des taux respectifs de 20 % et 16 %. Viennent ensuite la peur d’une rupture dans le cadre de vie (15 %), l’éloignement des amis (13 %) ainsi que le changement d’environnement pour les enfants (10 %).
* « Baromètre du déménagement », sondage réalisé par l’institut IFOP pour Les déménageurs bretons auprès d’un échantillon national représentatif de 2 020 individus âgés de 18 ans et plus, structuré selon la méthode des quotas (âge, sexe, profession, région et catégorie d’agglomération).