Après un passage chez EDF, le groupe Accor ou encore le PSG et AXA Damien Dehoul est aujourd’hui responsable de l’environnement de travail chez DBV Technologies, licorne française dans la Biotech. Seul pour gérer 70 collaborateurs, il s’appuie sur les nombreuses innovations et outils digitaux développés par les start-ups, devenant parfois même le premier utilisateur.

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L’environnement de travail, hasard ou vocation ?

Cela fait un peu plus de 10 ans que j’évolue dans l’univers de l’environnement de travail. Juste après le bac, je me suis orienté vers un BTS technique énergies renouvelables. Après ma licence, je suis parti travailler pendant un an dans le Facility Management en Angleterre, un pays très en avance sur l’ensemble des sujets de l’environnement de travail. C’est à ce moment-là que je me suis tourné vers le secteur de l’environnement de travail. En rentrant en France j’ai terminé le master MIPI, en alternance chez EDF, puis au sein du groupe Accor. Je dirais donc que l’environnement de travail est une vocation qui est née durant mes études.

Que préférez-vous dans votre travail ?

Sans hésitation, rendre service aux collaborateurs, en assurant toujours la qualité du service. Mon rôle est de faire en sorte qu’ils puissent travailler en toute tranquillité et se détendre quand ils en ont besoin. Pour satisfaire au mieux à ces exigences, je fais en sorte de trouver les meilleures innovations développées par les start-ups, quitte à devenir leur cobaye. Ces exigences je les maintiens pour trouver aussi bien des services de conciergerie, d’ostéopathie ou encore pour faire bénéficier aux collaborateurs d’outils numériques innovants. Récemment, nous avons noué un partenariat avec une start-up spécialisée dans la restauration digitale.

Quelle est la première chose que vous faites en arrivant le matin ?

Même si mes journées ne se ressemblent pas, j’ai tout de même une routine matinale. Je me gare toujours au sous-sol, ce qui me permet d’observer les éventuels incidents. Je passe ensuite par l’accueil, un lieu central où je peux m’informer sur les sujets et les évènements de la journée.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je suis en poste depuis seulement quelques mois, je dois donc encore apprivoiser le site, le gérer et, à terme, l’améliorer. Dans mon travail il y a donc un côté très opérationnel parce que je suis tout seul, mais aussi un côté gestion stratégique avec un potentiel projet de déménagement.

Vous avez donc le projet de déménager ?

Nous avons une fin de bail courant 2024. Nous sommes actuellement à Montrouge mais les locaux ne sont plus adaptés au travail réalisé, les laboratoires ont été partiellement externalisés. De ce projet en découlent d’autres, j’aimerais automatiser l’ensemble des demandes d’intervention mais aussi les reportings ou les prises de rendez-vous. Concernant les services aux collaborateurs, j’aimerais aussi automatiser les liens avec les commerces de proximité en leur proposant, par exemple, des réductions. L’idéal serait de pouvoir créer une synergie avec l’ensemble des entreprises présentes autour des nouveaux locaux pour nous permettre de rester proche des besoins du consommateur sans forcément y dédier des mètres carrés au sein du bâtiment.

Pour la conciergerie j’imagine par exemple travailler avec une entreprise régulièrement de passage dans nos futurs locaux. Une autre piste de réflexion concerne les espaces de restauration. Dans nos locaux actuels, nous avons installé des frigos connectés mais ne plus être l’unique locataire d’un bâtiment pourrait nous permettre de bénéficier d’une offre commune de restauration.

Et celui que vous aimeriez mener ?

À plus long terme, j’aimerais créer mon entreprise dans le but de développer un outil digital comme support des métiers de l’environnement de travail. Il existe un manque encore non comblé de ce type d’outils dans notre secteur.

Vous préférez travailler en open space ou en bureau fermé ?

À titre personnel, je suis nomade, je me sens tout à fait à l’aise dans des open spaces avec une organisation en flex office, du moment que j’ai mon ordinateur, une souris et une bonne connexion internet. Aujourd’hui, chez DBV Technologies les équipes travaillent en open space, chacun d’entre eux est dédié à un service et fermé par des cloisons. À l’approche du déménagement, nous sommes en réflexion concernant l’organisation des futurs espaces de travail. Je réalise une veille sur les grandes tendances dans le tertiaire : mise en place du flex office, installation de casiers… Certains des salariés réalisent de nombreux allers-retours entre les laboratoires qui sont externalisés, le flex office pourrait donc être une option adaptée à leur fonctionnement avec, bien sûr, l’aménagement d’espaces plus confidentiels pour certains services comme la R & D et la finance.

Comment le décririez-vous l’environnement de travail idéal ?

L’environnement de travail idéal est différent pour chaque entreprise et doit s’adapter à chaque typologie de métiers. Dans mon cas précis, je dois faire en sorte que les espaces correspondent aussi bien au service de comptabilité qu’aux chercheurs. En termes d’aménagement, j’aime que les bureaux soient minimalistes et épurés. Pour cela, il est nécessaire d’éduquer les collaborateurs à ranger et nettoyer derrière eux. Une telle organisation répond aussi à des enjeux RSE de sobriété. Je vois encore beaucoup de salariés avec 4 pots de crayons et douze stylos de la même couleur, des ramettes de papiers utilisés comme support écrans alors qu’il y a des solutions pour ces problématiques. Fini aussi les dizaines d’armoires pour une seule personne, désormais les salariés doivent trier et archiver. Il faut arrêter de consommer à outrance ce dont on n’a pas besoin.

Côté organisation, l’environnement de travail idéal doit nécessairement privilégier une synergie avec tous les acteurs ainsi que l’automatisation des procédures, que ce soit du côté des collaborateurs mais aussi de l’ensemble des prestataires. Je vois encore trop de tableaux Excel et de classeurs mal rangés.

Pour vous, quel est le service aux occupants d’avenir ?

Malgré ma volonté de créer un outil digital pour appuyer les tâches quotidiennes de la profession, je pense que ce serait une erreur de digitaliser le métier à outrance. Le travail d’hospitality management ne peut être réalisé que par un salarié, à l’écoute des besoins des collaborateurs qui sont nos clients. Cela nécessite bien sûr que les équipes aient le sens du service, qu’elles fassent la démarche de se renseigner pour le collaborateur, qu’elles aient le réflexe de visualiser le besoin et de communiquer avec le responsable ou directement au prestataire concerné et créer une synergie entre les prestataires, les collaborateurs et les donneurs d’ordre.

Quelle qualité préférez-vous chez vos collaborateurs ?

Je valorise deux qualités en particulier : la compétence métier et le sens du service. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. J’aime m’entourer de personnes qui connaissent leur métier et le maîtrise tout en étant force de proposition pour le challenger.

Quelle est, pour vous, votre plus grande réussite professionnelle ?

Ma plus grande réussite professionnelle à ce jour est d’avoir été reconnu par la profession en intégrant l’IDET. Assez jeune, j’ai su convaincre mes confrères à force de travail et d’implication dans notre métier.

Si vous n’aviez pas fait ce métier, qu’auriez-vous fait ?

Je ne sais pas quel métier j’aurais pu faire mais je pense que je me serais de toute façon tourné vers le milieu des start-ups. C’est un milieu dans lequel je m’épanouis totalement. J’aime aussi le milieu sportif, j’aurais pu rejoindre une entreprise comme Redbull pour organiser des évènements et des compétitions de sport extrême.

Comment voyez-vous votre métier dans 10 ans ?

Je pense que dans 10 ans il sera possible pour une seule personne de gérer un plus grand nombre de mètres carrés, peut-être 100 000, grâce à des outils digitaux plus adaptés et à l’automatisation des tâches qui faciliteront la collaboration avec les prestataires.

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