La question peut paraître provocante. Pourtant, elle mérite d’être posée au vu du changement de discours et du glissement de vocabulaire observé chez certains acteurs de l’immobilier et de l’environnement de travail. En jeu ? L’attractivité des bureaux, mise à mal par la crise sanitaire et le déploiement du travail hybride. Les entreprises cherchent alors à tout prix à améliorer leur image de marque. Dans ce contexte, les initiatives pour faire revenir les collaborateurs au travail sont nombreuses et le parallèle avec le milieu hôtelier, qui œuvre depuis longtemps déjà à offrir une expérience mémorable à sa clientèle, ne cesse de s’accroître. Certaines entreprises conçoivent leur accueil comme un lobby, avec musique de fond et ambiance olfactive, d’autres mettent en place un service « 5 étoiles ». Dernier exemple marquant en date : la Tour Hekla, récemment inaugurée à La Défense, qui se présente comme un « hôtel de services ». Mais si le bureau reprend de plus en plus les codes de l’hôtel, dans la conception de ses espaces et de ses services, une différence demeure toutefois : le client d’hôtel paie et ne reste pas, quand le salarié ne paie pas et revient (en théorie) toutes les semaines. Car le salarié n’est ni un client, ni un consommateur et le bureau reste un lieu de travail.
Si les espaces peuvent certes gagner à s’inspirer d’autres univers, il faudrait surtout ne pas oublier de s’intéresser alors à la qualité de vie au travail, au management, aux interactions pour donner envie aux salariés de (re)venir au bureau. La sociologue Danièle Linhart le rappelait encore lors de notre dernière émission : « le bien-être ne peut pas uniquement dépendre de l’espace, il renvoie aux contenus des relations, lesquelles dépendent de la façon dont le travail est organisé. Il faut penser ensemble le travail, son contenu, et la façon dont l’espace va permettre la meilleure réalisation d’un travail plus soucieux du bien-être des salariés » (retrouvez notre dossier consacré au sujet page 27). L’évolution du bureau vers plus de confort, de serviciel est un premier pas mais cela demandera certainement plus d’efforts que de beaux espaces et un accueil hôtelier, aussi bénéfiques puissent-ils être, pour réellement attirer et fidéliser.
Consultez le dernier numéro de Workplace Magazine