Que sait-on vraiment du télétravail ? Qu’il concerne majoritairement les cadres, les grandes entreprises plus que les petites, qu’il est davantage pratiqué dans les métropoles et enfin que les actifs de moins de 30 ans y ont moins accès que leurs aînés. Voilà en résumé les points sur lesquels on peut nourrir aujourd’hui quelques certitudes. Pour le reste, disons-le, c’est encore le grand flou. Et il ne faut guère compter sur la vague d’enquêtes consacrées au sujet pour y voir plus clair. Le télétravail y apparaît comme un objet encore plus délicat à saisir qu’une particule quantique… Parmi les mystères qui demeurent : la proportion d’actifs réellement concernés par la pratique. Rien que sur l’année 2022, les données publiées varient allègrement entre 20 % et 40 %. Quant à la fréquence du travail à la maison, il faudra se forger une conviction entre des valeurs qui oscillent sur la même période entre 0,9 et 2 jours par semaine.
Plus embêtant encore, l’extrême variabilité des analyses qui se penchent sur les deux seuls critères vraiment intéressants pour les salariés comme les dirigeants : le bien-être et l’efficacité au travail. Sur ces deux sujets, l’unique consensus qui se dégage peut se résumer ainsi : ça dépend ! Les conséquences du télétravail sur la productivité ? Ça dépend du poste, de la nature des tâches, de la culture d’entreprise, du management avec, selon les études, des conclusions diamétralement opposées. Ses effets sur la santé mentale ? Là encore, ça dépend de l’âge, de la situation familiale, du genre, des contraintes de transport… Même le mode hybride, pourtant plébiscité par les salariés, soulève encore des questions sur ces impacts à long terme en matière de socialisation.
On l’aura compris, il y a pour l’heure plus d’incertitudes que de vérités sur le sujet. Et faute de doctrine claire, une majorité d’entreprises navigue encore dans le brouillard. En témoigne la volte-face spectaculaire des géants de la Tech et des banquiers de la City qui viennent de sonner le rappel de leurs salariés au bureau. S’il n’y aura sans doute pas de retour en arrière généralisé, on peut donc encore s’attendre, dans les mois à venir, à de grands rééquilibrages.
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