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Pour construire ses locaux de demain, Orange a largement misé sur ses collaborateurs. Bridge, le projet du nouveau siège social du groupe à Issy-les-Moulineaux, mobilise les salariés depuis bientôt trois ans. Ce niveau d’implication est rare dans le paysage tertiaire actuel. Séverine Legrix de la Salle, responsable du projet, revient sur la « co-construction » inédite de cet aménagement.

« Un projet d’aménagement est un projet de transformation de l’entreprise. Il n’est jamais neutre et il dépasse de loin la problématique immobilière, affirme Séverine Legrix de la Salle, responsable du projet Bridge chez Orange. Il se fait pour et par les femmes et les hommes de l’entreprise. » Cette vision, le groupe de télécommunications se donne les moyens de la mettre en œuvre. Depuis le début du projet, en 2017, les quelque 3 000 salariés qui emménageront dans ce nouveau bâtiment sont étroitement liés au projet. Un niveau d’implication exceptionnel au regard de la taille du chantier. Séverine Legrix de la Salle en est convaincue : articuler la réflexion des aménagements autour de la place des collaborateurs dans l’entreprise apparaît comme un gage de succès pour la pérennité du projet. Cela va de pair avec le plan d’accompagnement Engage2025 du groupe qui prévoit de transformer l’entreprise et ses pratiques et d’aller vers les nouveaux métiers. « Bridge traduit cette stratégie en construisant de nouveaux environnements de travail qui permettent plus de collaboration, indique la responsable de Bridge. Au regard de cette vision, de la philosophie du chantier, nous cherchons à fabriquer un lieu de socialisation qui soit fluide. » Dans cette optique, l’espace de travail doit être « co-construit », « embarqué », pour en faire le lieu dans lequel les collaborateurs auront envie de venir, demain.

 

Écouter, collecter, soumettre

L’implication des collaborateurs a commencé par une phase d’écoute « pour connaître la position du corps social par rapport à un projet de ce type, et surtout leurs besoins actuels et futurs ». Interviews de groupes, entretiens individuels, mesures d’utilisations des outils digitaux… « À ce stade, les théoriciens recommandent généralement de collecter les témoignages de 10 % des interrogés. Nous avons obtenu les réponses de 30 % des salariés », affirme Séverine Legrix de la Salle. S’en suit, de manière assez classique (voir le schéma) l’étape de co-construction. Pour choisir la nature des espaces, des ateliers de microzoning ont été ouverts à l’ensemble des collaborateurs sur les sites actuels. « Nous avons reçu près de 1 000 collaborateurs. Ils sont venus par groupe de 30 à 50 pour travailler l’articulation des espaces de travail avec nous et leur customisation. » Puis ces scénarios produits par l’équipe projet Bridge et les collaborateurs sont élaborés et soumis aux votes des collaborateurs.

 

En parallèle de ces événements « physiques », Plazza, une plateforme de communication en interne est créée. Ce lieu virtuel d’écoute, de foires aux questions, de réponses, est en accès libre à tous les salariés et continue aujourd’hui d’être mobilisé. Le nom de la rue traversant les deux bâtiments du futur siège a notamment été voté sur cette plateforme et a été validé par la municipalité. Un autre sondage est en cours, visant cette fois à déterminer l’appellation définitive du siège.

 

Vivre le chantier

Le grand succès que rencontre à présent Bridge en matière d’implication, c’est l’expérimentation de deux espaces aménagés en avant-première dans la future structure. Alors que les travaux battent leur plein, une marketing suite accueille 30 collaborateurs (pas davantage, pour des raisons de sécurité) pour un séminaire, une réunion d’équipe ou par simple curiosité. « Cet espace a suscité beaucoup d’engouement et cela continue, affirme Séverine Legrix de la Salle. Près de 1 300 collaborateurs y sont venus. C’est très spectaculaire de voir et de vivre un chantier d’une telle ampleur. Et c’est l’occasion pour nous d’expliquer la philosophie du projet. »

Les collaborateurs peuvent aussi venir travailler sur un plateau de travail réel, qui représente les 2/3 de la surface de plateau qui sera livrée. « Il est meublé et organisé de la même façon que le quartier de travail de demain. Nous y recevons les collaborateurs pour une journée ou une semaine. Pendant cette délocalisation, ils découvrent l’environnement de travail, peuvent donner leurs avis sur les typologies de mobilier envisagés et expérimenter de nouvelles façons de travailler. Pour animer cette surface, nous organisons des ateliers thématiques, par exemple sur la réduction du papier », détaille la responsable du projet. L’implication est telle que les inscriptions pour cette expérience de travail cartonnent : près de 900 salariés ont prévu d’y travailler d’ici le mois d’avril.

 

 

Horizon 2021

Sur un temps long comme c’est le cas pour Bridge, il faut savoir susciter l’attention des salariés. Un projet communiqué deux ou trois ans avant la livraison paraît très loin de leur réalité. Ils sont déconnectés. En revanche, plus la livraison approche, plus l’intérêt grandit, mais moins les marges de manœuvre sont possibles pour modifier les décisions. « Notre solution a été de flexibiliser au maximum l’environnement de travail, de privilégier la mobilité à l’immobilier. Avec toujours cet enjeu de respecter les façons de travailler et de s’adapter aux pratiques futures », indique Séverine Legrix de la Salle. En bref, garder en tête que « l’entreprise est un corps vivant » qui se transforme continuellement. Un défi futur que devra relever Orange pendant les 12 années de bail à venir.