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Face à la situation inédite qui touche actuellement les entreprises, Workplace Magazine a souhaité laisser la parole aux responsables de l'environnement de travail qui continuent, au quotidien, à assurer la sécurité et la santé des salariés. Ils racontent leur expérience vécue, en cours et à venir. Les DET sur le front, épisode 6, avec Christophe Pont, directeur de l'ET chez Generali.

« On s’est tout de suite mis dans une perspective de reprise et d’anticipation. Cela fait plus d’un mois que toute l’entreprise y travaille. Nous savons d’expérience chez Generali que lorsque l’on bascule en situation de crise, il ne faut jamais sous-estimer le temps que l’on doit consacrer à sa gestion sinon on se fait vite déborder. Alors dès le début, mon travail a changé : j’ai vidé une partie de mon agenda et je me suis consacré à la cellule de crise qui s’est constituée en interne. Parmi les chantiers que nous menons, le premier consiste en un retour progressif des collaborateurs dans les locaux à partir de mi-mai. Actuellement, 99 % d’entre eux sont en télétravail. On ne vise pas le retour à la normale dès le 11 mai, loin de là. Il est même envisagé de n’avoir encore que la moitié de nos sites occupés en septembre afin de respecter les mesures de distanciation sociale. Seules les personnes en capacité, et parce que c’est nécessaire, reviendront en premier. Ce sera aux différentes directions d’en décider et d’appliquer une rotation des personnes présentes soit en fonction des semaines, soit des jours de la semaine. Dans le meilleur des cas, le retour des effectifs « comme avant » se fera sur le dernier trimestre 2020, sinon l’année prochaine.

 

Un parcours collaborateur jalonné de mesures d’hygiène et de distanciation sociale

Pour maintenir la sécurité sanitaire et la confiance de nos salariés, nous avons beaucoup travaillé sur les sujets d’hygiène et de propreté à partir du parcours collaborateur. Nous avons préparé, aménagé, organisé les sites le plus possible. Notre fil conducteur : comment les salariés se rendent au bureau, y rentrent, accèdent au poste de travail, vont prendre un café, déjeuner, etc. ? En fonction des temps de la journée, nous avons adapté les mesures de distanciation sociale et d’hygiène.

Pour les espaces de travail, les bureaux étant organisés en flex office, cela peut générer une crainte pour les collaborateurs. Mais nous avons pris toutes les dispositions nécessaires. Par exemple, sur une marguerite de quatre bureaux, deux en diagonale seront neutralisés et les deux de l’autre diagonale seront autorisés. Par ailleurs, nous avons retiré tous les claviers et les souris qui étaient auparavant disposés de manière permanente sur chaque poste. Nous allons en donner individuellement aux collaborateurs. De cette manière, le clean desk qui aura le lieu le soir permettra à l’entreprise de propreté de faire un nettoyage complet des surfaces de travail pour repartir à zéro tous les matins. C’est l’idéal pour assurer une propreté parfaite.

Dans les sanitaires, nous avons également changé tous nos robinets pour mettre des robinets sans contact et nous avons mis en place des distributeurs de savon sans contact. Des portes palières ont été asservies au système de sécurité incendie pour permettre de les laisser ouvertes. Dans les prochains jours, nous allons aussi déployer une signalétique particulière pour la déambulation et afin d’indiquer comment utiliser l’ascenseur et l’escalier. La moitié des chaises dans les salles de réunion a été retirée et les deux tiers dans le restaurant d’entreprise. Pour protéger les hôtes et les caissiers, des plexis ont été fixés devant les comptoirs.

Justement, dans l’espace de restauration, un certain nombre d’aménagements ont été faits : installation de distributeurs de gel hydroalcoolique, condamnation des fontaines à eau qui sont remplacées par des bouteilles en plastique vendues à prix coûtant, simplification des menus (suppression des bars à salades et autres zones à risque), limitation du nombre de personnes dans la salle. Pour la prise de couverts, les bacs horizontaux ont été remplacés par des bacs verticaux qui permettent de toucher moins rapidement le contenu. Par ailleurs, nous donnerons un jeu de couverts à chaque salarié, qu’ils ramèneront chez eux le soir. Nous allons vendre en caisse des couverts en bois pour ceux qui souhaitent en acheter.

Enfin, nous avons prévu d’accueillir chaque vague de salariés de retour sur site afin de leur expliquer le nouveau comportement individuel et collectif que l’on attend d’eux. Ce sera aussi l’occasion de leur donner un kit d’arrivée dans lequel se trouveront un gel hydroalcoolique, des masques, un objet (la griffe Generali) pour appuyer sur le bouton de l’imprimante, de l’ascenseur, un pour crocheter une porte sans toucher avec la main, un mug, une gourde… Nous ouvrons, oui, mais dans des conditions bien différentes.

 

L’après : transformer la contrainte en opportunité

C’est une crise compliquée, qui n’est pas terminée et qui affecte les Français, nos équipes et leurs familles. Il faut être proche de ses équipes et il n’est pas facile de trouver le juste équilibre entre économie et santé. Mais depuis le début, nous essayons de transformer les contraintes en opportunité. Du point de vue de nos locaux ou de l’organisation du travail, nous observons ce qui se passe, nous sommes attentifs à ce qui se met en place, pour dresser un bilan. Dans cet objectif, nous avons lancé une enquête auprès des collaborateurs pour tirer les bénéfices du fonctionnement à distance. Évidemment, il y a des sujets négatifs. Pour travailler ensemble, il faut se voir. Le travail à distance a des limites. Mais cette crise nous permet de l’objectiver et cela nous rend plus fort pour l’après. Le sujet du travail à distance continue de s’imposer à nous, nous allons encore le pratiquer massivement. Je suis convaincu que la situation donnera des bonnes idées pour pousser ou améliorer les accords de télétravail. Ce que l’on souhaite, c’est sortir grandi.»

 

 

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