
Le logement est-il réellement adapté au travail ?
Je dirais que tout dépend de ce que l’on entend par logement. Au sein de la fédération Cinov, on préfère parler d’habitat car cela amène la question des usages et ainsi, de la situation de travail potentiel. C’est une question qui appelle des réponses spécifiques en fonction des cadres, des emplois, des caractéristiques, du métier, mais aussi de la famille. Si, par exemple, votre fille fait du piano et elle ne supporte pas le casque alors que vous êtes en train de travailler à côté, ces deux situations sont incompatibles. À moins bien sûr que le logement ait été conçu de telle manière à avoir des volumes suffisamment conséquents. Mais on sait bien aujourd’hui que la tension sur l’immobilier tend à réduire considérablement les espaces personnels et individuels. La réponse technique, organisationnelle qui va venir palier cette réduction de mètres carrés est un élément à prendre en compte dès la conception.
Une étude de la Dares publiée en mai 2021 * souligne le fait que les conditions de travail de travail s’étaient dégradées suite à la crise sanitaire. Mais qui en a le plus souffert ? Les télétravailleurs ou les non-télétravailleurs ?
Si on regarde la dernière étude la Dares sur cette question-là, on remarque que 9 % des salariés qui n’ont pas télétravaillé ont vu leurs conditions de travail se dégrader pendant la période Covid. Si on regarde maintenant les télétravailleurs, le chiffre grimpe à 14 %. On voit bien alors qu’il y a un décalage et que le télétravail est vraisemblablement défavorable au maintien des conditions de travail. On note plusieurs symptômes : la perte de sommeil, les interactions entre individus qui se désagrègent, les douleurs ressenties et bien entendu, les difficultés que l’on peut avoir au quotidien, au sein de la famille, puisque je le rappelle ces deux activités sont relativement incompatibles. Imaginez par exemple que vous ayez une mauvaise connexion Internet. Cela demande un niveau d’engagement cognitif supérieur pour rester concentré lors d’une réunion, d’autant plus si la situation est stratégique. Forcément, tout cela vient rendre beaucoup plus difficile la réalisation d’un même travail qui se ferait dans des conditions d’un bureau tertiaire conçu pour cet effet.
Dans quelle mesure le déploiement du télétravail impacte-t-il l’organisation du travail de manière plus générale ?
Quand on se pose la question du télétravail, il faut prendre en compte le fait que l’organisation a deux dimensions : une dimension formelle et une dimension informelle. Pour un ergonome, l’organisation c’est à la fois une structure, une hiérarchie, des fiches de postes… mais ce sont aussi des interactions humaines. On voit bien que quand nous sommes en télétravail, seul à la maison, on peut certes avoir des outils de connexion, mais la dimension organisationnelle, de performance collective, elle, se délite plus rapidement. Sans parler des nouvelles recrues qui démarrent leur activité avec une large part de télétravail. Comment peuvent-elles arriver à se constituer ces réseaux et participer à la dimension collective de la performance ? C’est une vraie question.
* Etude Tracov publiée par le Dares début 2021
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