Généralisé durant le premier confinement, le télétravail a connu depuis le printemps dernier une lente érosion. À tel point que dès le mois de décembre 2020, on pouvait parler d’un quasi « retour à la normale » dans les entreprises françaises. C’est l’un des constats que dresse le dernier baromètre annuel de Malakoff Humanis consacré au sujet. Selon cette étude dévoilée début février, 41 % des salariés travaillaient à domicile en mai dernier.
Un contexte exceptionnel durant lequel 44 % expérimentaient cette forme de travail à distance pour la première fois, et 75 % à 100 %. Depuis, les salariés français sont majoritairement retournés au bureau. À la fin de l’année 2020, ils n’étaient plus que 31 % à télétravailler, soit un taux similaire à la situation d’avant la pandémie (30 % en novembre 2019). À la même période, 61% des salariés reconnaissaient travailler à temps complet sur site contre 51 % juin dernier.
D’où le rappel à l’ordre lancé fin janvier par le gouvernement aux entreprises. « Le télétravail reste la règle » avait alors martelé la ministre du Travail, Élisabeth Borne, tout en promettant une intensification des contrôles. Salariés et dirigeants favorables au télétravail Si la satisfaction vis-à-vis de ce mode de travail à distance tend également à régresser, elle reste néanmoins élevée : alors qu’elle affichait une note de 8 / 10 fin 2019, elle est tombée à 6,9/10 en avril 2020, lors du premier confinement, pour remonter à 7,2 / 10 en décembre 2020. « Seuls 14 % des télétravailleurs disent ne plus souhaiter télétravailler après la crise sanitaire, précise l’étude.
Et une grande majorité de dirigeants (67 %) se déclare favorable à la mise en place du télétravail dans leur entreprise. 43 % déclarent par ailleurs le pratiquer de manière régulière ou occasionnelle ». Pour la grande majorité des personnes interrogées, il semble acquis que le travail hybride (combinant présentiel et distanciel) devienne la norme dans un avenir proche.
Plus de jours télétravaillés
Le véritable changement induit par la crise se situe davantage dans la durée du télétravail : en décembre, le nombre de jours travaillés à domicile était de 3,6 par semaine alors que cette moyenne se situait à 1,6 sur la même période en 2019. À plus long terme, les salariés estiment que le nombre idéal de jours de télétravail par semaine serait de 2 jours.
Bureau : l’espace du collectif
Le bureau reste donc encore largement considéré comme l’espace de travail privilégié. 56 % des télétravailleurs se sentent plus engagés lorsqu’ils travaillent sur site, et 61 % ont le sentiment d’être plus efficaces dans leur travail d’équipe. La dimension sociale et collaborative du bureau sort renforcée de la crise. Lorsqu’ils se rendent dans l’entreprise, les salariés souhaitent y retrouver un collectif. Ils sont 59 % (77 % pour les 18-24 ans) à déclarer venir au bureau d’abord pour partager un moment de convivialité avec leurs collègues et rencontrer les membres de leur équipe (44 %). Ainsi l’entreprise est vécue comme un lieu d’échange, d’apprentissage et de développement. C’est notamment ce lien social qui a manqué aux 26 % de télétravailleurs qui estiment que le télétravail a eu un impact sur leur santé psychologique (vs 12 % en 2019).
Malaise chez les managers
Le baromètre vient confirmer les rapports délicats qu’entretiennent les managers avec le télétravail.
Fin 2020, ils étaient 50 % à se dire favorables à ce mode de travail alors que ce taux était de 55 % fin 2018. Ils sont également plus nombreux à déclarer rencontrer des difficultés lors de la mise en place du télétravail, passant de 18 % fin 2018 à 40 % fin 2020 (+ 22 points). Seul un tiers (32 %) précise avoir bénéficié d'un accompagnement.
Ils sont également moins nombreux à avoir mis en place des formations pour leurs collaborateurs (28 % vs 37% en 2019). Plus de la moitié (55 %) affirme cependant avoir veillé à ce que les collaborateurs en télétravail soient sensibilisés à l’utilisation et aux bonnes pratiques des outils collaboratifs. Malgré ces difficultés, les managers reconnaissent toujours au télétravail les bénéfices suivants : une plus grande autonomie (51 %), une diminution des absences (35 %) et une meilleure satisfaction des salariés (33 %).