À pied d’oeuvre dès le petit matin, dans la cour de la caserne de Nanterre, les pompiers de la 28e compagnie des sapeurs-pompiers de Paris se rassemblent pour la relève de la garde, et l’assignation à leur tâche de vérification logistique. C’est ici, sur un site regroupant un centre de secours et un centre technique de niveau 1, que s’affairent en interne plus de 200 pompiers-techniciens issus de la division logistique de la BSPP, la BMCO (Brigade de Maintien en Conditions Opérationnelles), lorsqu’ils ne sont pas en intervention. Leur mission : veiller au maintien opérationnel des matériels roulants, mais aussi des équipements opérationnels, informatiques et de communication, du matériel biomédical, des EPI et de l’habillement, ou encore du parc immobilier. « Toute notre organisation est orientée pour permettre aux pompiers d’intervenir le plus rapidement possible », commente le lieutenant-colonel Ambroise Permalnaïck, chef du BMCO. Si la devise des Pompiers de Paris est de « sauver ou périr », celle de la division est « sauver sans périr », ajoute-t-il.
Une externalisation minimum
L’un des objectifs majeurs de la BSPP est ainsi d’être autonome sur l’ensemble de ses matériels. Ce qui est valable pour ses équipements de secours et de lutte incendie l’est aussi pour ses services généraux : tout ou presque est auto-géré. Dans les différents centres de secours, et à Nanterre notamment, pas d’entreprises de FM pour assurer les services aux occupants : cuisine, entretien des bureaux, lieux de vie, espaces verts… L’uniforme bleu marine évolue sur tous les terrains. « À Nanterre comme dans beaucoup de petits centres de secours, nous avons nos propres cuisiniers, nos propres gérants d’ordinaires*, indique l’adjudant-chef Frédéric Palayer, chef de section PCE au sein du Bureau Soutien Infrastructure (BSI). L’externalisation de la restauration est toutefois à l’étude pour la future cuisine de la base logistique de Valenton ; une vraie nouveauté pour la brigade. Nous les pompiers, sommes encore de la vielle école dans le domaine ! Seules des grosses unités comme Masséna (13e arr.) ou l’Etat-Major de Champerret (17e arr.) peuvent avoir recours à du FM ». Ne pouvant être leurs propres mainteneurs sur certaines infrastructures d’un point de vue légal, des installations spécifiques nécessiteront néanmoins le concours de prestataires extérieurs, en particulier sur la maintenance, qui représente un marché entre 1,5 et 2 millions d’euros, précise Frédéric Palayer. « Même si nous avons une régie en matière d’infrastructure, elle n’est utilisée pour l’instant qu’à faire de la maintenance corrective. La préventive, on est en train de s’y mettre. En externalisation pure, nous avons tout ce qui concerne les portes automatiques, les ascenseurs, une partie du CVC (chauffage, ventilation, climatisation), notamment la climatisation technique, fondamentale au sein du centre opérationnel. À ce propos, nous sommes en train d’étudier un marché de chauffage et climatisation pour 50 % de nos sites. Un gros appel d’offres devrait être lancé prochainement ». Groupes électrogènes, TGBT, systèmes de sécurité incendie (SSI) : là encore, des installations nécessitant des interventions extérieures.
Accroître la maintenance préventive
Organisation militaire exceptionnelle en France et en Europe – la BSPP couvre Paris et trois départements, assurant la protection de 7 millions de personnes dans cette zone – il lui fallait se doter d’un système de maintenance sophistiqué pour gagner en efficacité, « aucun système de cette importance ne pouvant fonctionner sans GMAO », rappelle en outre le capitaine Fabien Lagaude, commandant la compagnie de maintenance. Pour structurer cette activité, la brigade s’est dotée en 2014 d’un système de maintenance sophistiqué s’appuyant sur le progiciel de l’éditeur Carl Software, baptisé Sygal. Déployée de manière transversale auprès de l’ensemble des services métiers de la division logistique de la BSPP (qui comprend le BMCO, le BOSI et les départements de soutien à l’homme et d’infrastructure – centres de secours, travaux, entretien, chaufferies etc. –, la GMAO a pour l’heure été implémentée par trois de ces services. Sa particularité : s’adapter de manière évolutive à la taille et aux spécificités de ces institutions sur la base d’un tronc commun standard. Carl Source gère depuis les équipements, trace les interventions et la maintenance réglementaire, gère les stocks, traite les achats, optimise les prévisions d’approvisionnement et gère les dotations des casernes et des pompiers. Actuellement, quelque 7 200 matériels, dont 1 300 engins, y sont référencés. Parmi les bénéfices, la possibilité de travailler davantage sur du préventif, afin d’anticiper plus en amont les pannes, via un état des lieux constant du parc et des matériels. Désormais, la question de la mobilité est à l’étude, par l’usage d’un système embarqué (Carl Touch et Flash) lors de chaque intervention.