Le 22 mars dernier, Kurt DelBene, vice-président de Microsoft, annonçait la nouvelle ligne directrice du groupe en matière d’organisation du travail. Dans les prochains mois, les 160 000 salariés de l’entreprise passeront à un mode de fonctionnement hybride, combinant télétravail et présentiel. Le géant de l’informatique en est convaincu : ce modèle mixte va s’imposer comme la norme dans les années à venir.
Une affirmation qui s’appuie notamment sur les résultats d’une grande enquête commandée par Microsoft et réalisée, en janvier dernier, auprès de 31 000 travailleurs dans 31 pays - Work Trend Index 2021 reports. Premier grand constat livré par cette étude : une majorité d’employés ne veulent pas revenir en arrière sans pour autant revivre les conditions de travail à distance imposées au plus fort de la crise. Si 73 % des personnes interrogées souhaitent conserver la possibilité de télétravailler, ils sont aussi 66 % à désirer passer plus de temps en présentiel avec leurs équipes.
Des télétravailleurs sous-équipés
Dans la réalité toutefois, les entreprises sont encore loin d’avoir réussi à combiner le meilleur des deux mondes. L’étude montre ainsi que douze mois après le début de la pandémie, 42 % des sondés déclarent encore manquer des fournitures essentielles pour réaliser leur travail à domicile. Un sur dix ne dispose même pas d’une connexion Internet adéquate. Et ils sont plus de 46 % à n’avoir reçu aucune aide financière de leurs employeurs pour s’équiper correctement.
Une intensité numérique qui conduit à l’épuisement
Plus inquiétant encore, l’enquête révèle que si la productivité est restée stable en 2020, c’est au prix d’un coût humain élevé. Plus de la moitié des répondants se disent ainsi en situation de surcharge de travail. Ils sont même 39 % à ressentir de l’épuisement. L’analyse des données collectées sur Microsoft 365 met également en lumière une augmentation considérable de l’intensité numérique des journées de travail. Entre le mois de février 2020 et aujourd’hui, le temps passé dans les réunions Teams a plus que doublé (2,5 fois). Les utilisateurs de la plateforme ont envoyé 45 % de chats supplémentaires par semaine. Et le nombre de messages générés après les heures de bureau a augmenté de 42 %. Le géant du logiciel a aussi comptabilisé 40,6 milliards d’e-mails supplémentaires livrés à ses clients commerciaux et éducatifs en février 2021 comparé au même mois l’année précédente. Malgré cette inflation d’échanges électronique, le temps de réponse n’a pas changé : 50 % des personnes répondent aux discussions Teams en moins de cinq minutes.
La génération Z pénalisée
Premières victimes de ces bouleversements selon Microsoft, les travailleurs de la génération Z. Ces jeunes actifs, âgés entre 18 et 25 ans, sont ceux qui ont le plus souffert de l’isolement et de l’incapacité à s’appuyer sur les réseaux de l’entreprise pour se sentir engagés et faire entendre leur voix. Un isolement qui a également eu comme conséquence un cloisonnement des équipes dont les interactions ont eu tendance à se limiter aux collaborateurs proches.
Forte rotation des postes
Au bout du compte, l’enquête alerte sur une possible augmentation du turnover au sein des entreprises. 41 % des personnes sondées envisagent de quitter leur employeur actuel cette année et 46 % affirment qu'ils sont susceptibles de déménager parce qu'ils peuvent désormais travailler à distance. « Nous avons vu presque doubler les déclarations d’intention de changement de poste », confirme George Anders, rédacteur en chef principal de LinkedIn. « Les gens vont essayer de compresser en un an ce qu'ils auraient pu normalement faire en deux. » Au total, le rapport de Microsoft détaille sept tendances qui devraient inciter les entreprises à engager leur transition vers le travail hybride. Nul doute d’ailleurs que le géant américain sera prêt à les accompagner sur ce chemin. Depuis le début de l’année, la stratégie de communication du groupe semble se réorienter. Le leader des logiciels d’entreprise n’hésite plus désormais à s’adresser directement aux responsables de ressources humaines.