Bon pour l’environnement, moins cher et créateur d’emplois : sur le papier au moins, les produits reconditionnés ont tout pour plaire. Entre peur des fins de mois difficiles et angoisse de fin du monde, le reconditionnement réussit le tour de force de concilier deux préoccupations centrales de l’époque mais en pratique souvent contradictoires : le pouvoir d’achat et la consommation responsable. Porté par la hausse du marché des biens de seconde main, le principe séduit toujours plus de consommateurs qui trouvent dans le reconditionnement davantage de garanties que sur le marché de l’occasion. Des gages de qualité qui permettent de toucher une cible plus large, y compris désormais les entreprises. Dans un contexte inflationniste et de tensions sur les approvisionnements, certaines n’hésitent plus à se tourner vers la téléphonie et l’informatique reconditionnés pour équiper leurs salariés. À la dimension économique s’ajoute aujourd’hui l’argument écologique. Un levier de plus en plus décisif, notamment dans la filière du mobilier. Sur ce segment, les chiffres restent encore anecdotiques, mais le changement de perception est spectaculaire. En l’espace de deux ans, le siège ou le poste de travail reconditionnés sont devenus tendance dans les bureaux. Enjeu d’image et même d’attractivité, les entreprises y voient aussi un moyen de renforcer leur politique RSE. Signe de cet engouement, le créneau, longtemps resté dans les mains d’acteurs spécialisés, attire désormais les fabricants à l’image de Steelcase qui vient d’annoncer le lancement d’une marque dédiée. Pour nombre de distributeurs comme d’industriels, la construction d’une offre de réemploi paraît demain inévitable, ne serait-ce que pour répondre à la commande publique désormais soumise à des obligations chiffrées en matière d’achats circulaires.
Cette nouvelle demande peut-elle conduire à une reconfiguration profonde du marché de l’équipement de bureau ? Il faudra d’abord, comme le souligne l’Ademe, que le reconditionné démontre qu’il ne se résume pas à une simple caution à la surconsommation. C’est notamment le risque qui guette le domaine de l’électronique avec une offre de réemploi qui repose sur les excès de certains marchés pour se fournir en modèles premium aisément reconditionnables. Du côté des fournisseurs, de nombreux obstacles restent à franchir qu’il s’agisse de la logistique, du recrutement ou encore des sources d’approvisionnement. Dans le BtoB notamment, l’enjeu des volumes sera essentiel pour constituer une offre homogène adaptée aux besoins des organisations. Mais le principal défi reste évidemment celui de la soutenabilité économique d’une telle mutation. Car pour ceux qui s’y engagent, il s’agit bel et bien de sortir d’une logique purement industrialiste qui repose encore largement sur la production en grande série et la distribution en masse de produits neufs. Une transformation qui implique d’adopter un modèle serviciel où l’objectif n’est plus de vendre un produit, mais de participer à la performance sociale et environnementale des entreprises.
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