
En France, près de 580 000 agents de propreté sont directement concernés par la réalisation de prestations en continu et en journée, dans environ 15 000 entreprises. Un sondage BVA – Le Monde de la Propreté estime que 75 % des Français sont favorables à ce que l’on intervienne en journée sur leur lieu de travail, pourtant « seul un faible nombre de sites sont nettoyés en journée », affirme Philippe Jouanny, président de la Fédération des entreprises de propreté (FEP), principalement des entreprises du tertiaire. Alors, pourquoi certaines peinent-elles encore à passer le cap ? Quels bénéfices pourraient-elles en tirer ?
« Les conditions de travail de nos salariés sont contraintes par nos clients qui nous imposent contractuellement les horaires des prestations, nous sommes peu en coactivité », rappelle Philippe Jouanny, qui milite depuis plusieurs années auprès des entreprises pour la généralisation du travail en continu et en journée dans son secteur. Si parfois imposer des horaires décalés semble justifié, « il n’est par exemple pas possible de nettoyer pendant la représentation d’une pièce de théâtre ou d’un film dans une salle de cinéma », il semble tout à fait faisable de l’imposer dans le secteur tertiaire. « Dans les immeubles de logements, la présence des agents de propreté en journée est largement admise, cela ne gêne personne. Pourquoi cela pose-t-il encore problème dans les bureaux du secteur tertiaire ? », s’interroge le président de la FEP.
« Nous avons les moyens matériels et humains de ne pas déranger les collaborateurs »
En cause, des idées reçues qui ont la vie dure. Les directions semblent s’inquiéter de l’acceptation par leurs salariés du bruit et du dérangement que pourraient occasionner des prestations en journée. Fanny Lamarque, DET chez Keolis, s’est donc rapprochée de ses supérieurs pour faire accepter la mesure. « C’est avant tout un sujet de direction, j’ai donc pris le temps de leur expliquer qu’il était possible de changer les habitudes des métiers de maintenance et de nettoyage. » La DET recommande aussi de rassurer les uns et les autres sur le maintien de conditions de travail optimales. « À mon sens, il est nécessaire de sensibiliser les salariés aux bons réflexes à mettre en place dès l’arrivée des agents de propreté afin que leur journée de travail ne soit pas perturbée », explique-t-elle. Fanny Lamarque prévoit aussi l’envoi de sondages au sein de l’entreprise, permettant d’adapter si besoin la prestation dans le temps. « Je trouve ça dommage qu’on en fasse un sujet polémique. C’est une mesure très facile à mettre en place avec beaucoup d’avantages, pourtant, cela reste souvent un sujet tabou », déplore-t-elle.

© Elior Services
Les craintes d’être dérangé en pleine concentration semblent par ailleurs de plus en plus infondées. « Aujourd’hui nous avons les moyens matériels et humains de ne pas déranger les collaborateurs même lors de prestations en journée, nos robots sont moins bruyants et nous avons formé nos collaborateurs aux bonnes pratiques : frapper avant d’entrer, savoir identifier une réunion, etc. », explique Daniel Adda, DG d’Armonia Cleanly, nouvelle entreprise de propreté du groupe. En plus d’être moins bruyants, ces robots sont autonomes et peuvent donc réaliser leur travail la nuit, sans la présence d’un agent. « Grâce à la cobotique, nos agents sont désormais libérés des tâches sans grande valeur ajoutée comme l’aspiration, leur laissant plus de temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée, notamment la désinfection ou le rangement des salles collaboratives », indique le DG d’Armonia Cleanly qui tient aussi à préciser que « le travail en journée s’adapte parfaitement à la période actuelle, marquée par le télétravail. En journée, beaucoup de postes sont inoccupés ce qui permet à l’agent de service de réaliser des prestations périodiques et ainsi de gagner en productivité, en efficacité et en qualité. »
Visibiliser pour mieux opérer
En plus de bénéficier de techniques améliorées, il est donc possible de moduler le programme de nettoyage pour le faire correspondre au mieux aux usages et à la vie de l’entreprise. « Au moment de la mise en place du contrat, on peut imaginer cibler les interventions en fonction des horaires. Il est par exemple possible de faire débuter les prestations entre 7 heures et 8 heures du matin pour le nettoyage des zones sensibles, continuer dans les parties communes une fois les salariés installés à leur poste de travail et privilégier l’aspiration des espaces de travail entre 12 heures et 14 heures. », précise Fanny Lamarque. Un processus d’intégration et d’acceptation qui avait déjà porté ses fruits au moment du Covid.« Durant la crise sanitaire, nos clients nous ont demandé de manière assez impérieuse d’intervenir pendant la journée de travail de leurs salariés pour les rassurer », rappelle Philippe Jouanny.
Cette parenthèse a permis de mettre en exergue l’importance de la visibilisation des prestations, le travail de l’un rassurant le second. Les agents ont alors pu l’adapter aux besoins des collaborateurs et ces derniers, prenant conscience du travail réalisé, se sont avérés plus respectueux des lieux et du travail de propreté réalisé.
De meilleures conditions de travail pour les agents…
Plus attentifs aux agents, les salariés nouent des relations avec ces derniers, réduisant les problématiques liées à leur isolement et participant aussi à l’amélioration de leurs conditions de travail. Les agents bénéficient également d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Souvent les interventions imposées dans le cahier des charges sont réalisées entre 6 heures et 9 heures du matin, certains agents doivent donc se réveiller à 4 heures du matin et partent souvent avant la mise en service des moyens de transport de jour », interpelle Philippe Jouanny. Sans compter que « se lever à 4 heures du matin et devoir laisser ses enfants, parfois seuls, peut être un véritable choc psychologique », rappelle Dominique Lafont, directeur d’exploitation de l’Ap’aips. « Le travail en continu et en journée permet donc aux agents de mieux consigner le temps de vie personnelle et le temps de vie professionnelle », poursuit le président de la FEP.

© 123RF / Svitlana Hulko
Le nettoyage en journée a aussi pour effet de limiter l’amplitude horaire des agents qui ne se déplacent plus qu’une seule fois sur un lieu de travail désormais unique. « Malgré une amplitude horaire importante, les agents travaillent en moyenne 86 heures par mois soit l’équivalent de 20 heures par semaine », précise Arnaud Pradel, directeur de la région sud-ouest chez Onet. Le nettoyage en journée et les prestations continues assurent donc un salaire souvent bien meilleur, payé au temps plein, pour une amplitude horaire bien moindre. Au-delà de meilleures conditions de travail, ces nouveaux contrats concèdent une plus grande valorisation professionnelle. « Pour les agents, intégrer véritablement et durablement une entreprise est une réelle évolution de carrière », explique Dominique Lafont.
…et de nouvelles prestations pour les clients
« Ce sont des discussions dont tout le monde sort gagnant », assure le directeur de la FEP. Les entreprises ayant recours au nettoyage en journée ne satisfont pas seulement aux enjeux RSE, mais accèdent aussi de réels bénéfices de fonctionnement sur le long terme. « Les contrats de nettoyage en journée s’apparentent à des contrats classiques permettant de fidéliser les agents ayant pour effet de réduire le turn over », explique Fanny Lamarque. Grâce aux liens et aux interactions créés sur le long terme, l’utilisateur final est plus à même d’exprimer ses besoins et voit donc la prestation s’adapter plus durablement à son emploi du temps et ses demandes, ce qui permet d’éviter certaines situations insolubles auxquelles la DET de Keolis a parfois été confrontée. « Lorsque j’étais employée dans une de mes anciennes entreprises, la direction avait refusé le nettoyage en journée mais avait aussi refusé l’accès de certains bureaux aux agents en l’absence d’un des membres du Codir, présents uniquement en journée. Ces derniers se plaignaient régulièrement du nettoyage de ces salles, sans qu’aucune autre solution que le nettoyage en journée ne puisse y être apportée », se rappelle-t-elle.
Autre avantage, « le nettoyage tout au long de la journée permet de maintenir la propreté et la netteté des lieux de travail et de restauration mais aussi de désinfecter les points de contacts et de remplir plus régulièrement les consommables ou encore d’opérer le rangement des espaces dès qu’ils ne sont plus occupés », énumère Daniel Adda. M.T.
Un partenariat entre Onet et Bgin Clean
Pour créer des contenus vidéos dans le cadre de son programme « La propreté, c'est Fondamental », le groupe Onet a noué un partenariat avec Bruno Ginesty, créateur de contenu sur les sujets de la propreté sur le compte Bgin Clean qui totalise pas moins de 750 ooo abonnés sur l'ensemble des réseaux sociaux. À travers ce partenariat, Bruno Ginesty se donne la mission de« sensibiliser et responsabiliser les utilisateurs aux bons gestes et aux bons comportements » grâce à une série de vidéos de moins de 2 minutes.
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