Après 10 ans dans le déploiement de réseaux chez Bouygues Telecom, Kamel Aissaoui a rejoint la direction de l’environnement de travail de l’entreprise il y a plus de 15 ans. En tant que responsable stratégie immobilière, il gère aujourd’hui la conception du nouveau bâtiment principal de Bouygues Telecom.

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L’environnement de travail, hasard ou vocation ?

Même si je m’épanouis dans mon métier, j’y suis arrivé plus par opportunité que par vocation. J’ai d’abord été embauché comme ingénieur déploiement de réseau et quelques années plus tard, mon recruteur m’a proposé de le rejoindre à la direction de l’environnement de travail. J’avais alors la charge d’un bâtiment de 15 000 m2 avant de m’occuper de la tour Sequana, à Issy-les-Moulineaux puis de l’ensemble des sites d’Île-de-France. Après 15 ans d’exploitation des bâtiments j’ai décidé de tourner la page pour me concentrer sur la partie projet.

Open space ou bureau fermé ?

Chez Bouygues Telecom, l’ensemble des équipes travaillent en open space. Même si certains se sentent plus à l’aise avec l’idée de s’asseoir chaque matin à la même place, nous imposons à nos salariés de ranger leur bureau tous les soirs. L’idée reste de ne pas utiliser le même bureau tous les jours. Personnellement, mon quotidien aujourd’hui réside entre l’open space et une salle de réunion dédiée au projet de construction des nouveaux bureaux. Nous avons affiché au mur le planning général et les plans pour pouvoir y réaliser les rendez-vous confidentiels avec les bureaux d’études acoustiques et techniques mais aussi les brainstormings d’équipes.

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Ma prise de poste en tant que responsable de la stratégie immobilière il y a 2 ans coïncidait avec le lancement du projet de construction des nouveaux locaux de Bouygues Telecom, un bâtiment d’environ 70 000 m2 prévu à horizon 2026 et qui pourra accueillir 7 000 personnes en comptant les salariés et les prestataires. L’idée est de regrouper les trois bâtiments Bouygues d’Île-de-France en un seul. L’idée est de regrouper les trois bâtiments Bouygues d’Île-de-France en un seul. Pour réaliser ce projet nous sommes une équipe de trois personnes à plein temps. C’est un gros travail de management transversal qui mobilise huit chantiers (IT, space planning, restauration, service, exploitation, sûreté et sécurité, conception réalisation, smart building). Mon rôle est d’animer et de faire travailler ensemble les huit responsables de chantier pour faire en sorte que la conception du bâtiment correspond aux attentes des collaborateurs et surtout aux méthodes de travail de demain.

Que préférez-vous dans votre travail ?

La partie la plus stimulante de mon travail réside sûrement dans les nombreuses réunions avec les architectes et les bureaux de construction. Je tente de les influencer pour concevoir un bâtiment le plus fluide possible, en mettant mon expérience en tant qu’exploitant au service de la conception du bâtiment pour anticiper au mieux les contraintes d’exploitation. Mais ces derniers mois, j’ai aussi découvert les contraintes de construction, qui ne sont parfois pas compatibles. Mon objectif est de les faire correspondre au maximum.

Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur dans ce projet ?

J’aimerais pouvoir proposer un bâtiment qui s’approche de l’idéal en poussant les critères de performance technique au maximum. Les usagers se plaignent encore trop souvent de l’acoustique ou de la gestion de la climatisation. Aujourd’hui, tous les bureaux d’études travaillent encore avec des températures extérieures à 32 °C mais avec le réchauffement climatique, nous vivons plutôt des journées entre 35 °C et 40 °C. Les bureaux se retrouvent donc avec un mode dégradé de puissance. Nous avons aussi entamé des discussions sur le taux de renouvellement d’air. La réglementation est encore trop faible. Nous menons là encore une bataille pour pousser les curseurs au maximum, ce qui conduit parfois à des situations conflictuelles avec les bureaux d’études.

À quoi pourrait ressembler le bureau de demain ?

Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’aménagement et le style des bureaux tendent à se ressembler. Ce sont souvent des espaces atypiques avec des canapés. C’est beau en photo, mais est-ce que cela correspond réellement à l’attente des collaborateurs de demain ? Pour répondre à cette question nous avons décidé, de notre côté, de consulter les collaborateurs pour traduire au mieux leur vision dans les nouveaux locaux. Car je pense que le bureau de demain doit être un espace où les collaborateurs ont envie de venir pour travailler mais aussi pour échanger, pas seulement avec leurs collègues ou manageurs, mais aussi avec d’autres directions. L’échange permet de créer une émulation mais pour cela, le bâtiment doit, à mon sens, incarner les valeurs de l’entreprise pour que l’employé ne se sente pas dans tiers lieu mais bien dans les bureaux de l’entreprise pour laquelle il travaille. La difficulté réside dans la diversité des profils des collaborateurs. Ce n’est pas simple de trouver un compromis, un bâtiment auquel l’ensemble des typologies de personnes puissent se rattacher.

Selon vous, quel est le service aux occupants d’avenir ?

Chez Bouygues on a poussé très loin le principe de service au collaborateur en proposant un service de conciergerie, un espace forme mais aussi des massages, un coiffeur, une esthéticienne, ou encore un garagiste et même une banque. Pour le prochain projet, nous nous demandons quel service ne serait plus utile maintenant qu’une politique de télétravail a été mise en place. À mon sens, les services vont certainement être plus digitaux, et plus nécessairement rattachés au bâtiment. Nous avons déjà commencé à proposer des tickets de cinéma dans ce sens. La question se pose désormais pour l’espace forme : est-il toujours opportun de proposer un espace forme à l’intérieur du bâtiment ou vaut-il mieux proposer un abonnement à une chaîne qui quadrille une grande partie du territoire ? Seule exception : la restauration, qui doit à mon sens rester un lieu physique avant tout. Les collaborateurs viennent au bureau aussi pour profiter de la pause du midi. À Paris, c’est sans aucun doute une partie importante de la journée. L’offre de restauration doit permettre de proposer des lieux de pause et de convivialité pour que les collaborateurs puissent échanger.

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