Le gouvernement a développé plusieurs outils pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés à destination des entreprises. Le dernier en date, le baromètre emploi handicap, est disponible en ligne depuis mars 2022. Sophie Cluzel, alors secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, revient pour nous sur les différentes initiatives mises en place lors de son mandat.

Emploi des personnes handicapées : quelles solutions ?

Le constat est sans appel. Les travailleurs handicapés souffrent toujours d’un taux de chômage plus élevé que la moyenne. « Malgré une baisse du taux de chômage des personnes handicapées de 19 % à 14 % durant la crise, il reste de 6 point supérieur à celui de l’ensemble de la population », rappelle Sophie Cluzel, ancienne secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées de 2017 à mai 2022. Pourtant, depuis 1987, la loi oblige les entreprises de plus de 20 salariés à dédier 6 % de leur masse salariale aux personnes handicapées.

Un objectif loin d’être atteint, même 34 ans plus tard, puisque dans le secteur privé seul ce pourcentage s’élève seulement à 4 %. Du côté du secteur public, l’objectif n’est pas encore totalement atteint et s’élève à 5,58 %. Autre obligation, les entreprises de plus de 250 salariés doivent aussi faire appel à un référent handicap, présent pour faciliter la mise en œuvre d’une politique handicap. Il intervient surtout au niveau RH. « À ce jour, sur 6 000 entreprises concernées, 2 000 ont déjà un référent handicap formé et en place », précise Sophie Cluzel. Pour permettre aux entreprises d’atteindre les objectifs fixés par la loi, l’État met régulièrement de nouveaux outils à leur disposition. 

« Ouvrir la communication pour éviter la surcompensation »

Parmi ces dernières, l’instauration en 2017 des job coachs, un outil gratuit pour les entreprises qui vient notamment compléter le travail des référents handicaps. Issus du monde du travail, les coachs sont formés aux troubles psychiques, mentaux et sensoriels de la personne. Leur rôle est d’accompagner et de communiquer avec les collaborateurs pour éventuellement adapter l’environnement de travail.

Le job coach est à la fois important pour l’entrée dans l’emploi mais aussi dans le maintien dans l’emploi. « Cet outil permet d’ouvrir la communication pour éviter la surcompensation qui peut mener au burn-out des individus en situation de handicap », commente Sophie Cluzel. Par ailleurs, les entreprises ont droit à une aide de 4 000 euros pour tout CDD de plus de 3 mois ou CDI signé durant la reprise post-confinement, dans le cadre du plan de relance. « En tout, 30 000 contrats ont été signés grâce à cette aide dont près de 65 % en CDI », précise l’ancienne secrétaire d’Etat. Plus récemment, le gouvernement a mis en place un baromètre en ligne, permettant aux entreprises et aux salariés de s’informer sur les politiques handicap déjà mises en place. Pensé comme un outil évolutif, il fonctionne sur la base du volontariat.

Il regroupe 6 indicateurs dont le taux d’emploi direct, le nombre de formations, l’engagement dans une convention avec l’Agefiph, etc. qui permettent de dresser un état des lieux des politiques RH en matière de handicap de chaque entreprise. Une fois les critères renseignés par l’entreprise, le baromètre est publié en ligne et accessible à tous.

Il sert à la fois aux entreprises et aux travailleurs handicapés. « Grâce à cet outil, les entreprises peuvent se comparer entre elles et échanger les bonnes pratiques. Pour les travailleurs handicapés, le baromètre joue le rôle d’outil d’information qui leur permet de réaliser une prospection pour intégrer une entreprise dont la politique RH se traduit par des faits », développe Sophie Cluzel. Pour la suite, cette dernière estime que le défi est « d’informer les entreprises et de continuer le dialogue avec les syndicats et le patronat pour que le sujet fasse l’objet d’un dialogue social ». Selon elle, les entreprises doivent prendre conscience que l’ensemble des réflexions sur les situations des personnes handicapées vont servir pour l’ensemble des personnes valides et notamment des salariés plus âgés qui sont de plus en plus nombreux. « Si vous préparez une réunion avec un collaborateur autiste et que vous pensez à prévoir l’heure de début et de fin, l’organisation des prises de parole, les jeux de lumière, tout se passe très bien et cela se fait au bénéfice de tous. Quand on s’occupe des personnes handicapées, on s’occupe du bien commun », conclut Sophie Cluzel.

 

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