© Elodie Dupuis

Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation souhaitait reconvertir un ancien centre de documentation délaissé en « un cocon pour oser ». Mission acceptée par Sismo Design, qui a transformé le lieu en créant différentes zones dans une atmosphère douce et chaleureuse induisant de nouveaux usages, encore peu démocratisés dans des locaux ministériels.

Cas d’usage au Ministère

Avec ce projet baptisé L’Escale, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation souhaitait se doter d’un espace en rupture non seulement avec l’environnement précédent mais aussi avec les méthodes de travail traditionnelles des usagers. Les équipes de Sismo Design ont alors conçu un lieu qui requestionne les pratiques de travail, les usages collaboratifs, mais aussi de repos. Les espaces offrent une ambiance enveloppante, chaleureuse et douce grâce au soin apporté au choix des matériaux, des couleurs, du mobilier… afin de mettre à l’aise et de permettre aux usagers d’oser. « Avec ce projet, nous souhaitions faire la démonstration qu’avec d’autres règles d’usage, de vie, un lieu peut amener ses occupants à réfléchir et à travailler différemment », commente Fréderic Lecourt, co-fondateur de Sismo Design.

Pour cela, une longue étape d’observation et d’accompagnement au changement a été nécessaire. « Ce n’est pas avec des injonctions que l’on va embarquer les collaborateurs », souligne Fréderic Lecourt. Sismo Design a pour habitude de baser son approche sur l’ethnographie, avec une observation terrain qui peut être masquée, en mode anonyme, ou ouverte en annonçant directement qui ils sont et pourquoi ils sont là, puis en interviewant les gens. « On essaie de comprendre les blocages, les dénis, les signaux faibles, qui sont difficiles à verbaliser et à exprimer, et de cartographier les incohérences entre ce que quelqu’un peut annoncer et ce qu’il fait en réalité », explique le co-fondateur qui a mené un travail collaboratif avec les équipes interviewées sur place afin de définir de nouveaux scénarios d’usage.  

 

Un design intuitif

L’entrée est traitée comme un sas sensoriel, pour induire un changement de posture. « On a mis en place une compression spatiale chromatique, de telle sorte à que les usagers ralentissent et chuchotent une fois passés le sas sans pour autant avoir eu à leur expliquer quoi que ce soit ». Pour cela, ils ont joué sur la qualité acoustique, une lumière tamisée, des couleurs apaisantes…

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Un peu plus loin, on retrouve « l’Archipel », un espace de travail individuel orienté sur le confort personnel et la multiplicité des postures. Les différentes niches permettent de s’installer selon l’emplacement ou la posture de préférence. Des interrupteurs permettent de moduler l’ambiance à l’intérieur de chaque niche. Le mobilier central, séparable, peut être reconfiguré en fonction des besoins.

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La cloison courbe, les niches et les tissus texturés enveloppent les usagers pour créer un sentiment de protection.

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Pour le travail plus collaboratif, les usagers se rendent dans le « Théâtre des idées », un espace de réunion basé sur l’échange informel et la transversalité. Ici, les utilisateurs sont invités à prendre place sur une large banquette sans table centrale pour concentrer les discussions sur la parole et l’écoute.

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Enfin, peu banal pour un ministère, le lieu intègre un espace de sieste, « le Nid Protecteur », qui s’oppose au rapport traditionnel à la productivité existant au ministère. « Il y a eu un énorme débat sur le sujet de la sieste, témoigne Frédéric Lecourt. Souvent encore, on s’aperçoit que la pression sociale prend le dessus et le regard de l’autre peut encore s'avérer bloquant ». L’usage s’est cependant imposé, la direction souhaitant faire accepter le repos comme une pratique normale et acceptable dans des locaux ministériels. L’espace n’est pas réservable pour des activités de travail entre 12h et 14h, afin de garantir le silence nécessaire au repos.

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© Elodie Dupuis

Pour faire cohabiter des usages différents dans un espace non cloisonné, l’acoustique et les séparations visuelles ont été particulièrement soignés.

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© Elodie Dupuis

Par ailleurs, un soin particulier a été apporté au choix des matériaux afin de créer un lieu éco-conçu : sains à manipuler lors de la pose et à respirer à l’usage, de fabrication locale, ou issus de ressources naturelles, recyclées ou recyclables… « On a par exemple pu récupérer 70 % des éléments bois qui étaient déjà présents sur place », précise Fréderic Lecourt.

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© Elodie Dupuis