Désormais dans la bouche de l’ensemble des membres du gouvernement français, la sobriété énergétique a fait sa première rentrée en septembre dernier. Consommatrices et productrices de biens et de services mais surtout émettrices de gaz à effet de serre les entreprises sont aussi les cibles de cette nouvelle contrainte. Impossible désormais pour elles de consommer sans compter.

Le Green Deal européen impose aux États membres la poursuite de deux objectifs chiffrés : réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne d’au moins 55 % d’ici 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2050, ce qui implique une division par six des émissions totales de l’Union. Un pacte vert qui s’adresse autant aux citoyens qu’aux entreprises. Fabricants et fournisseurs se sont d‘ores et déjà saisis de l’enjeu et tentent d’apporter des premières réponses aux impératifs de décarbonation. C’est le cas notamment de la filière du mobilier de bureau, l’Ameublement Français. D’ici à 2030, la filière souhaite se décarboner en agissant sur l’ensemble du cycle de vie des produits, de l’approvisionnement à la fabrication en passant par le transport. Elle cite pour cela plusieurs actions concrètes à mettre en place : s’approvisionner localement, avoir recours au train ou au bateau, fabriquer des meubles plus légers, éco-concevoir… La priorité sera ensuite donnée à l’allongement de la durée de vie des meubles et à la transformation du business model de la filière pour créer de la valeur notamment en imaginant des solutions « furniture as a service » et en coordonnant la structuration de la filière sur le marché de seconde main.

Prioriser les achats les plus lourds

Côté acheteurs, en revanche, la décarbonation reste parmi les sujets environnementaux les moins traités par les directions achats en 2022, loin derrière la réduction des déchets et de la consommation d’énergie, toujours en premières positions selon le baromètre 2022 de l’Observatoire des achats responsables (ObsAR). Les émissions carbonées font partie des seize critères intégrés dans l’analyse du cycle de vie, additionnant l’ensemble des coûts, de la fabrication à la fin de vie du produit ou du service. La prise en compte de l’ensemble de ces critères est un processus souvent trop lourd pour les entreprises. « Se concentrer sur le critère de la décarbonation leur permet d’obtenir une vision assez complète du coût global environnemental sans que cela ne mobilise l’ensemble de leurs ressources », explique Hélène Chauviré manager du pôle atténuation chez Carbone 4. L’analyse en cycle de vie carbone a aussi l’avantage d’être une unité universelle de calcul des impacts environnementaux. Les entreprises, habituées à établir des comptabilités chiffrées, peuvent alors s’adapter facilement à ce nouvel outil de prise de décision.

Afin d’accompagner les entreprises dans leur démarche, Hélène Chauviré recommande de décarboner en priorité les achats pesants le plus lourd pour établir une feuille de route progressive. Pour elle, il est aussi indispensable de s’interroger sur les fournisseurs. « Sont-ils des multinationales ou des artisans locaux ? Les capacités de négociation de l’entreprise sur les critères RSE ne seront alors pas les mêmes », alerte la manager. Enfin, les entreprises se doivent de préparer les achats de demain en travaillant de concert avec le reste des collaborateurs. « L’utilisation du papier recyclé ou de l’aluminium bas-carbone obligera les responsables marketing et ingénieurs à retravailler l’ensemble de leurs processus de production. Ils doivent donc pouvoir s’adapter en amont », précise-t-elle.

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