Les confinements successifs ont-ils changé l’image des salariés vis-à-vis du bureau ? Une étude SFL/Ifop lève le voile sur le ressenti et les attentes des salariés à l’heure du retour au bureau. Des résultats différents selon les générations, qui pourraient bien conduire les entreprises à revoir leurs copies pour prendre en compte les aspirations des jeunes salariés.

Retour au bureau : les jeunes salariés imposeront-ils de nouveaux standards ?

SFL publie les résultats du 8e baromètre Paris Workplace, réalisé en partenariat avec l’Ifop. Au total, 1 600 salariés travaillant dans un bureau à Paris et première couronne ont été interrogés. Cette huitième édition mesure les effets des confinements successifs sur les attentes des salariés, et notamment, celles de la jeune génération en matière de lieu de travail. Avec ce constat paradoxal : si les moins de 35 ans sont les plus heureux de retrouver leurs bureaux, ils ont aussi élevé sensiblement leurs niveaux d’exigence vis-à-vis de celui-ci. Le lieu de travail, « confronté désormais à la concurrence du domicile », va devoir prouver sa capacité à satisfaire les attentes en matière de bien-être et de relations sociales, mais aussi à avoir un impact sur son environnement de façon positive.

 

Bureau ou télétravail ? Les jeunes salariés ont tranché

« Les plus heureux de retrouver des conditions de travail “normales” sont ceux qui ont le plus souffert de la crise sanitaire, à savoir les jeunes salariés », annonce l’étude. Les jeunes sont en effet d’autant plus heureux de retrouver le bureau qu’ils ont souffert (davantage que les autres) d’un sentiment d’isolement pendant la crise sanitaire : 34 % affirment qu'il leur arrive “souvent” de se sentir isolés (+8 points depuis février 2020). A fortiori les jeunes franciliens, qui vivent dans des logements 40 % plus petits que les jeunes dans le reste de la France.

Cela se mesure par un autre indicateur qui monte brusquement, celui du plaisir à passer du temps au bureau, un phénomène qu’on retrouve pour l’ensemble de la population mais qui est plus marqué encore pour les jeunes… avec une montée en flèche spectaculaire. : 64 % des moins de 35 ans considèrent le bureau comme un lieu où ils aiment passer du temps VS 38 % des plus de 50 ans. “La vie sociale avec les collègues” est la première raison de venir au bureau pour eux (49 %, +3 points depuis février 2020, avant les confinements). Mais le bureau n’a pas seulement des vertus sociales, il reste pour les jeunes salariés le lieu le plus efficace pour travailler : 62 % d’entre eux considèrent qu’ils sont plus performants au bureau contre 29 % qui répondent chez eux en télétravail.

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Assez logiquement donc, les -35 ans ne sont pas les plus demandeurs de télétravail. Dans l’idéal, en moyenne, ils souhaiteraient travailler à distance 2,1 jours par semaine contre 2,3 jours pour les + 35 ans.

 

Une frontière vie pro/perso qui vacille toujours un peu plus

Par ailleurs, la porosité entre vie personnelle et vie professionnelle s’est encore accentuée pendant la crise sanitaire. Les jeunes consomment leur environnement de travail et notamment leur quartier. Ils sont par exemple plus nombreux, dans une journée de travail, à s’absenter de leur bureau pour faire une course (66 %), se rendre à un rdv médical (56 %), ou même faire un aller-retour à leur domicile (39 %). « Cette tendance va donc contribuer à générer une nouvelle géographie du travail, avec des bureaux qui devront être davantage en ville dans des quartiers mixtes mêlant des commerces, des services et des logements », analyse l’étude.

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Des envies de vert

Enfin, autre enseignement de cette étude, l’espace de travail inclut désormais les espaces extérieurs : 55 % des moins de 35 ans utilisent les espaces extérieurs pour travailler, 56 % pour organiser des réunions (respectivement 11 points et 19 points de plus que les +35 ans). Ils font ainsi des espaces extérieurs au sein de leur bureau des véritables lieux de travail, contrairement à leurs ainés.

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On observe (tous salariés confondus) une forte corrélation entre le niveau de bien-être au travail et la fréquentation des espaces verts. Les salariés qui fréquentent des espaces verts tous les jours s’accordent une note de bien être de 7,8/10 VS 6,7/10 pour ceux qui les fréquentent moins d’une fois par mois.

 

L’entreprise, valeur refuge…

L’éloignement physique causé par la crise ne semble pas avoir altéré la relation entre les jeunes salariés et leur entreprise ou leurs collègues. Au contraire, ce lien semble s’être maintenu et même parfois renforcé… 78 % des moins de 35 ans se disent attachés à leur entreprise en 2021, alors qu’ils étaient 69 % avant les confinements. Et 73 % d’entre eux pensent continuer à travailler dans leur entreprise actuelle plus de 2ans en 2021 VS 67% avant les confinements.

Ils jugent également leur entreprise globalement plus performante (7,3/10 vs 6,7/10). On observe aussi une forme de reconnaissance de la part des salariés vis-à-vis de leur employeur : 66 % des jeunes déclarent que “le bien-être des salariés est une priorité” pour leur employeur, contre 58 % avant les confinements.

 

 … mais les jeunes attendent plus d’engagement

Bien que satisfaits dans l’ensemble de leur entreprise, les salariés aimeraient la voir s’engager davantage dans la transformation environnementale. Ils sont 86 % à déclarer être plus sensibles qu’il y a 10 ans au tri des déchets, 84 % à la réduction des impressions, 81 % à la limitation de la consommation d’énergie. Pour autant le bureau n’est pas identifié comme le premier lieu de la transition écologique. 78 % des salariés (tous âges confondus) disent avoir un comportement plus éco-responsable davantage à leur domicile qu’au bureau.

Mais les jeunes se disent prêts à faire des efforts individuels, davantage que leurs aînés : 52 % sont prêts à payer 20 % plus cher leur déjeuner pour avoir une offre éco-responsable VS 33 % des plus de 50 ans. Ils sont à 74 % favorables à un bonus-malus sur leur rémunération lié aux gestes écoresponsables VS 54 % pour les plus de 50 ans.

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Enfin, on note que lorsque l’entreprise promeut fortement une politique environnementale, celle-ci produit ses effets. Les salariés travaillant dans des bureaux soucieux de leur environnement sont systématiquement plus heureux au travail : les salariés qui travaillent au sein d’une entreprise qui soutient des associations se donnent une note de bien être de 7,1/10 VS 6,2/10 pour ceux qui travaillent dans une entreprise qui ne soutient pas d’association.