
Entre avril et juin 2024, les salariés allemands ont battu le record du nombre d'heures travaillées établi en 2019 avec un total de 14,6 milliards d'heures travaillées sur la période. Pourtant, dans le même temps, leur productivité a continué de chuter, atteignant le très faible score de 0,4 %. Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung explique ce paradoxe, non par la paresse des salariés allemands, mais par une désorganisation croissante du travail.
Selon une étude menée auprès de 5 800 salariés à temps plein, plus d’un jour par semaine – soit en moyenne 8,7 heures – est consacré à des réunions jugées inutiles ou à des processus de coordination que 58 % des sondés estiment “trop complexes”. Un phénomène bien connu du psychologue américain Adam Grant, qui le qualifie de "surcharge collaborative". En d'autres termes, une coopération excessive qui finit par nuire à l’efficacité individuelle. De leur côté, les cadres supérieurs consacrent plus d’un tiers de leur temps à des réunions souvent mal préparées et peu productives. Ce climat pesant contribue à une hausse de l’absentéisme, alimentant cette baisse de productivité.
Face à cette situation, les débats politiques se polarisent. Tandis qu’une partie des salariés plaide pour la semaine de quatre jours, certains partis et employeurs réclament une augmentation du temps de travail. Mais au lieu de se focaliser uniquement sur la quantité, l’Allemagne gagnerait à se pencher sur le contenu du travail. Car si le temps est précieux, son utilisation l’est encore plus.