Mais pourquoi tant de mépris ? « À toutes les époques, les aînés ont porté des jugements sévères sur la jeunesse de leur temps. C’est une constante de la vie humaine », répond Suzy Canivenc dans son ouvrage « Les jeunes, des travailleurs comme les autres » où elle tente de déminer au passage quelques stéréotypes sur les jeunes. Par exemple, le désengagement. Selon elle, « rien ne vient documenter une telle affirmation. Tout au contraire, nombre d’études récentes battent en brèche l’idée d’un désinvestissement au travail qui serait plus marqué chez les jeunes : ils sont fréquemment plus nombreux que leurs aînés à assumer plus d’heures de travail et souvent sans attendre de contrepartie financière. » Des généralités qui auraient la vie dure, sans pour autant être toujours réellement fondées. Il y a certes quelques traits plus marqués chez les jeunes, mais quand on y regarde de plus près, ils s’inscriraient plutôt dans une évolution continue du rapport au travail et auraient des attentes assez similaires à celles des autres classes d’âge (lire notre dossier page 45). De quoi relativiser et surtout éviter de tomber dans le piège d’une approche générationnelle qui pousserait les entreprises à catégoriser, et donc, à stigmatiser.