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Fini le temps des distributeurs automatiques planqués au fond d'un couloir permettant d'assouvir une petite faim à coup de barres chocolatées ou de sandwichs triangle. Le snack en entreprise, celui qui se grignote aux heures creuses, est aujourd'hui bon, sain, local, varié, responsable... Éclairage sur un marché en plein boom.

Il n’y a pas si longtemps, lorsque l’envie de grignoter pointait au travail, cela finissait le plus souvent devant le distributeur automatique à arbitrer entre des chips, un paquet de gâteaux ou le fameux sandwich sous vide. Pas forcément bon pour la santé, mais efficace. C’était l’encas rapide qui dépanne entre deux rendez-vous. « Au départ, le snacking répondait à une problématique de temps et de coût. Aujourd’hui, les consommateurs ont le même niveau d’exigence pour la restauration rapide que pour les autres formes de restauration, ils attendent de la qualité, du service et une vraie approche conceptuelle », décrit Sarah Jafarshad-Rajaei, directrice générale de Bleu vert concept.

Grignoter ne rime donc plus avec junk food avalée à la va-vite. Le snack version 2019 est diversifié, gourmand, écolo. Mieux, il est healthy. Un mot qui revient en leitmotiv dans la bouche des acteurs de l’alimentation. Ce vocabulaire reflète les nouvelles aspirations du consommateur-collaborateur, qui se révèle de plus en plus attentif à l’impact de la nourriture sur sa santé et son bien-être. Sans oublier le respect de l’environnement. « La prise de conscience est générale : les consommateurs sont plus soucieux de ce qu’ils mangent, de la provenance et de la saisonnalité des produits mais aussi de l’éco-responsabilité d’une marque, par exemple », détaille Sarah Jafarshad-Rajaei. De la sphère privée à la sphère professionnelle, il n’y a plus de frontière en matière alimentaire.

 

Un argument QVT

D’une façon générale, les nouvelles offres de snacking font référence à « l’évolution des modes de vie, la féminisation du monde du travail et la déstructuration des repas (on ne mange plus à heure fixe) », énumère Sarah Jafarshad-Rajaei. La prise en compte des régimes alimentaires, avec notamment le végétarisme, le sans gluten ou le sans lactose, s’ajoute également à la liste. Aujourd’hui, ne pas prendre en compte les contraintes de chacun en entreprise peut être perçu comme une absence de prise en considération du salarié. L’offre de snacking doit être qualitative et adaptée.

 

Au-delà des facteurs sociétaux, l’apparition de corners et d’espaces dédiés au snacking « va de pair avec un développement qui s’est configuré ses 15 dernières années en entreprise autour de la qualité de vie au travail, explique Nicolas Nouchi, responsable des études de marché groupe chez CHD Expert. Celle-ci repose, entre autre, sur des espaces de pause de plus en plus réfléchis, travaillés. Il ne suffit pas, dans certaines entreprises, de mettre un distributeur automatique. Il faut l’inscrire dans un espace agréable qui représente un lieu de détente. » L’aménagement des espaces de pause dans les entreprises est un sujet directement lié au snacking : proposer des lieux sympathiques pousse à l’émergence de solutions nouvelles et innovantes.  

 

Vers des prestations alimentaires personnalisées

Par ailleurs, les millennials ont des comportements au travail différents de ceux de leurs aînés. Ils font notamment beaucoup plus de pauses, selon Nicolas Nouchi. L’enjeu est donc de « leur donner envie de s’approprier tous les espaces de pause à l’intérieur de l’entreprise et de consommer, indique-t-il. Cela se matérialise par des espaces élaborés, des solutions café très qualitatives et des corners proposant une gamme de choix de snacks élargie ». Samuel Burner, rédacteur en chef de l’observatoire de la franchise et expert du salon Sandwich & Snack Show, insiste sur l’urgence de renouveler la distribution automatique classique, construite autour de produits très standardisés. « Sur la boisson et la nourriture, nous sommes encore sur des produits que l’on pourrait qualifier de dépannage, indique-t-il. Mais dans le secteur tertiaire, les choses bougent. Les entreprises font rentrer dans leurs locaux des marques de référence de la restauration rapide, par exemple, pour répondre aux demandes des cadres. » Comme l’imagine Nicolas Nouchi, l’idée est de se rapprocher, au sein des entreprises, des modèles de coffee shops qui permettront de se réserver un vrai moment de détente et de repos à l'heure de la collation.

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Au sein des entreprises, les snacks sont désormais sains, variés, éthiques. Ils sont mis à disposition dans des espaces de pause soignés, propices à la détente et… à la consommation.

 

Mais entre consommer et profiter de la convivialité des endroits pour sociabiliser, il faudra vraisemblablement choisir. Les innovations en matière de food et le digital promettent une profonde modification du marché du snacking dans les années à venir. Nicolas Nouchi détaille : « le nouvel enjeu consiste à offrir une opportunité pour que le consommateur, via le click and collect par exemple, se fasse livrer directement à son bureau un instant goûter ou petit déjeuner. On peut aussi imaginer que l’entreprise intègre un service de livraison en interne. La cuisine se décentraliserait avec une solution digitale pour pouvoir apporter le réconfort snacking nécessaire qu’attentent les consommateurs pendant la journée. » Quoi qu’il en soit, pour la directrice générale de Bleu vert concept : « demain, dans l’entreprise, les salariés auront envie d’avoir une multitude de choix, comme en restauration commerciale, aussi bien en termes de produits que de modes de service. Chaque entreprise doit construire sa propre offre en fonction de son fonctionnement, sa culture, les besoins et envies de ses collaborateurs. »