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Face à la situation exceptionnelle qui touche actuellement les entreprises, Workplace Magazine a souhaité laisser la parole aux responsables de l'environnement de travail qui continuent, au quotidien, à assurer la sécurité et la santé des salariés. Ils racontent leur expérience vécue, en cours et à venir. Les DET sur le front, épisode 1, avec Latifa Hakkou, directrice de l'environnement de travail chez Ipsen.

«  Dès le départ de l’épidémie en France, la direction de l’environnement de travail d’Ipsen a été mobilisée pour créer une cellule de crise Coronavirus, en collaboration avec la DRH et la direction des risques. Parmi les actions déployées pour protéger la santé des collaborateurs, nous avons dans un premier temps remis des gels hydroalcooliques aux collaborateurs, désinfecter régulièrement les poignées de porte dans les bureaux, mis sous cellophane la nourriture en libre-service dans l’espace de restauration… Mais il ne suffit pas de distribuer, il a fallu expliquer, dire ce que l’on fait. Au moment où l’on a démarré, le risque était faible puisqu’il y avait à peine une dizaine de cas en France. Pour autant, la psychose existait déjà dans la population, il était donc important de rassurer. Et pour cela, on communique. Il faut dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit ! Même si nous avons tous fonctionné dans l’urgence, nous avons essayé de mettre en place des choses qui avaient du sens. Nous nous sommes rendus compte qu’à chaque heure, quelque chose pouvait changer, la situation évoluer dans telle ou telle direction. Ce qui était fait la veille était remis en question le lendemain… Tout évoluait sans cesse. Il a fallu s’adapter très rapidement !

 

Solidarité et éthique

Dès le vendredi 13 mars, nous avons déclenché le télétravail, soit deux jours avant la déclaration de confinement. Aujourd’hui, la majorité des salariés est en home office. Il y a bien sûr quelques cas qui nécessitent une présence physique. Au sein de ma DET par exemple, une personne sur deux vient chaque jour s’occuper du courrier. L’entreprise de sécurité qui sécurise les bâtiments est elle aussi présente sur place. De notre côté, nous faisons état de la situation des bâtiments auprès de la direction générale, de la DRH et du CSE et comptabilisons combien de personnes y assurent une activité de continuité, etc. Nous devons également gérer les relations avec les prestataires. Certains ont tout de suite suspendu leurs contrats et le paiement. Pour ma part, je continue à payer mes prestataires. Nous allons faire un point dans les jours à venir pour voir comment ils peuvent s’organisent en termes de chômage partiel, car tous ne sont malheureusement pas éligibles. Tout cela appelle selon moi à beaucoup de responsabilités et surtout, une position éthique vis-à-vis de nos prestataires. À plus forte raison, vis-à-vis des PME, plus vulnérables et plus fragiles face à ce contexte. 

 

Et après ?

Il y aura un avant/après. C’est évident. Je pense que l’on va changer notre façon de fonctionner, de gérer nos équipes, nos prestataires. Je pense aussi que ce qui aura été fait ou non pendant cette période aura un impact en termes d’image. Il y aura certainement des erreurs à ne pas reproduire. Il faudra tirer des leçons de cette période-là. Les entreprises qui auront bien managé leurs collaborateurs et leurs prestataires en sortiront grandi. Cette crise nous amène à prendre de la hauteur, à réfléchir sur ce que nous sommes en termes d’individu, dans un monde mondialisé. Cela nous amène aussi à avoir un comportement responsable vis-à-vis de tous les acteurs. On parlait beaucoup il y a quelques années de RSE dans les entreprises. C’est le moment de se poser les bonnes questions et d’adopter les bonnes attitudes. Car une fois sorti du tunnel, ces sujets-là vont être mis sur la table.  »

 


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