picture

Publiée début janvier, l’étude annuelle du cabinet AgileBuyer et du Conseil national des achats (CNA) fait le point sur les préoccupations et les priorités de près de 700 acheteurs pour les mois à venir.

Gestion des fournisseurs, critères d’achat, recherche d’économies, place de la fonction dans les organisations… : chaque année, le cabinet de conseils AgileBuyer et le Conseil national des achats (CNA) analysent les tendances qui traversent les départements achats des entreprises françaises. Pour cette édition 2019, près de 700 professionnels ont été interrogés sur leurs priorités des douze prochains mois. Dévoilés début janvier, les résultats font ressortir six grands enseignements.

 
1. Des départements achats malmenés ?
À rebours du cliché de l’acheteur tout-puissant, l’étude AgileBuyer/CNA révèle qu’en réalité la fonction serait actuellement plutôt malmenée. Près de 54 % des départements Achats interrogés affirment subir des relations déséquilibrées et défavorables avec des fournisseurs. « Certes, le phénomène est connu depuis longtemps. Mais c’est la première fois que nous le mesurions dans le cadre de cette enquête (…). Hausses des prix unilatérales de la part des fournisseurs, menaces de ruptures de la chaîne d’approvisionnement voire intimidations… On est loin de l’image d’Epinal du gentil fournisseur face au méchant acheteur », note Olivier Wajnsztok, directeur associé d’AgileBuyer. Pour autant, il n’est pas certain que ces résultats suffisent à battre en brèche les idées reçues autour de la fonction. Si toutes les branches d’activité sont concernées, ce phénomène touche toutefois principalement les entreprises de services : banque, assurance, conseil, formation et communication. De plus, deux grandes catégories d’achat concentrent les difficultés : les matières premières et les logiciels.


 
2. Réduire les coûts… comme toujours !
Sans surprise, la réduction des coûts restera la priorité numéro 1 des acheteurs en 2019 : 75 % des personnes interrogées déclarent qu’elle sera le premier objectif de leur direction des achats (en hausse de 3 points par rapport à 2018). Après des années de pression sur les prix, la négociation tarifaire n’est toutefois plus le seul levier d’économie activé par les entreprises. L’étude évoque la mise en œuvre de stratégies de réduction des coûts « plus intelligentes ». Si la négociation reste la méthode la plus utilisée (par 58 % des répondants), cette dernière est rejointe par l’ajustement des spécifications techniques (58 %, en hausse de 11 points par rapport à l’année dernière). « Autrement dit, l’heure est à la réduction des coûts intelligente, avec une collaboration plus poussée avec les prescripteurs internes voire les fournisseurs eux-mêmes dans le cadre d’une démarche de co-construction du cahier des charges », analyse Olivier Wajnsztok. À noter également que les achats dans les pays à bas coûts continuent à perdre du terrain : pour 69 % des répondants, il ne s’agit pas d’un axe de travail (en hausse de 2 points par rapport à 2018). Reste que les acheteurs ont encore largement recours aux méthodes classiques de réduction de coûts telles que la mutualisation et la globalisation des achats (46 %), ou encore le changement de fournisseur (39 %).


 
3. La réduction du nombre de fournisseurs n’est plus une priorité
C’est une tendance qui se confirme depuis quelques années : la réduction du nombre de fournisseurs est de moins en moins un objectif pour une large majorité des entreprises. Ils ne sont plus que 43 % à déclarer vouloir réduire leur panel de fournisseurs en 2019, soit 4 points de moins par rapport à l’an dernier. Là encore, ce levier classique de réduction des coûts, largement activé par le passé, a sans doute épuisé son potentiel d’économie pour les départements Achats.


 
4. La continuité des approvisionnements : un sujet d’inquiétude
Dans un contexte économique tendu et incertain, la sécurisation des approvisionnements apparaît comme une préoccupation majeure pour 60 % des répondants. Plus globalement, la gestion des risques fournisseurs reste en 2019 un objectif affiché par 75 % des professionnels interrogés. Ces risques peuvent être de caractères divers : risques logistiques, risques financiers, risques juridiques, risques qualité, risques normatifs, risques RSE, risques sanitaires, risques opérationnels ou risques d’image.


 
5. Un intérêt soudain, mais croissant pour le « made in France »
Il y a deux ans encore, ils n’étaient que 31 % à considérer le « made in France » (ou l’achat local) comme un critère d’attribution des marchés. En 2019, ce taux grimpe à 53 %. C’est la première fois que ce pourcentage passe au-dessus de la barre des 50 % depuis qu’il est mesuré (lire notre article Le made in France en vogue dans les achats BtoB).


 
6. La RSE sur le reculoir
C’est sans aucun doute la mauvaise nouvelle de cette enquête : sujet très en vogue ces dernières années, la RSE ne semble plus faire recette dans les services Achats. Seulement 46 % des personnes interrogées déclarent avoir des objectifs liés au développement durable, un pourcentage en baisse de 4 points par rapport à 2018 et qui atteint là l’un de ses plus bas niveaux depuis que cette étude existe. Dans ce domaine, le secteur privé fait figure de mauvaise élève. « Si 44 % des acheteurs du privé affirment avoir des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE, ils sont près de 67 % dans le public, soit 24 points de plus ! », précise l’étude. Autre facteur différenciant : la taille de l’entreprise. Au sein des entreprises de plus 5 000 salariés, 48 % des répondants ont des objectifs en matière d’achats responsables, soit 5 points de plus que la moyenne du panel. Un écart qui s’explique notamment par l’obligation pour les grands groupes de produire chaque année un rapport RSE, mais aussi par les risques liés à leur image sur ces questions.