picture Les Tours Duo, à Paris, labelisées Wiredscore Gold
© L'autre Image

Les labels se multiplient pour évaluer la phase d’exploitation des bâtiments. Si la performance énergétique est toujours en pole position, la qualité de vie, l’environnement ou encore la connectivité sont également mis en avant. Petit tour d’horizon des principaux labels et certifications en vigueur.

Au 31 décembre 2017, le parc non résidentiel européen comptait près de 11 000 bâtiments certifiés : 9 197 en neuf et en rénovation et 1 531 en exploitation. Année après année, la croissance de la certification environnementale ne se dément pas en matière d’immobilier tertiaire : si les segments du neuf et de la rénovation ne cessent d’augmenter avec une progression de plus de 30 % chaque année, celui de l’exploitation a enregistré un essor sans précédent l’année dernière, passant de 138 bâtiments certifiés au cours de l’année 2016 à 816 en 2017. Un succès qui fait de la France la championne européenne des certifications en exploitation ! La plus répandue en France est sans doute la certification NG HQE bâtiments tertiaires. Patrick Nossent, président de Certivéa, insiste sur l’importance de ce type de label. « Si un bâtiment n’est pas géré ou utilisé correctement, son bilan énergétique notamment ne sera pas bon. À l’inverse, nous pouvons améliorer la performance d’un bâtiment sans un grand investissement mais grâce à une meilleure gestion. » C’est donc le but de la certification NF HQE Bâtiments Tertiaires en Exploitation qui cherche à s’assurer que les préoccupations environnementales sont prises en compte lors du processus d’exploitation des bâtiments. Trois axes peuvent être appliqués ensemble ou séparément décrit Patrick Nossent : « l’axe bâtiment durable, où l’on apprécie la performance thermique du bâtiment, l’axe gestion durable, où l’on regarde la qualité de la gestion de l’immeuble, et enfin l’axe utilisation, lié aux bonnes pratiques des utilisateurs. »

 

À gauche, le bâtiment Window, BNP Paribas Real Estate, Norme Well. À droite, le bâtiment Riverside de Covivio faisant partie des pilotes du label R2S

 

Un cycle de 5 ans pour la NF HQE

Près de 400 immeubles ont ainsi été labélisés avec près de la moitié sur l’axe bâtiment durable, plus de 150 en gestion et une grosse cinquantaine en utilisation. Un label NF HQE Exploitation qui est non seulement leader en France dans le secteur mais qui a également su s’exporter, se félicite Patrick Nossent : « nous avons de belles réussites au Brésil ou au Maroc et nous sommes actifs aujourd’hui dans 26 pays. Notre force reste notre volonté de travailler sur un cycle de 5 ans afin de trouver les leviers d’amélioration. Nous ne nous contentons pas de réaliser une photographie mais bien de mettre en place un plan d’action sur cinq ans. »

 

Breeam in Use joue la flexibilité

Autre certification qui monte, la certification Breeam in Use. « Elle est basée sur une première phase d’autocotation à travers un questionnaire en ligne, puis sur l’audit de cette cotation par une personne agréée par le BRE et dénommé « Breeam Auditor» », souligne Ella Etienne, directrice générale de Green Soluce. Le Breeam in Use se distingue par sa flexibilité car il n’y a pas de critères obligatoires pour être certifiés. Elle propose trois axes de certifications pouvant être évalués indépendamment et donner lieu à certification : Asset, la qualité intrinsèque du bâtiment ; Building management, la qualité du système de management de l’exploitation ; Organisational, l’implication des occupants des lieux. Plusieurs grands thèmes sont étudiés (management du projet, santé, énergie, transports…) contenant les crédits de la certification. Enfin, « cette certification est atteignable par les petites structures également car il n’est pas nécessaire d’avoir de facility manager pour y accéder » précise Ella Etienne.

 

Leed reste encore confidentielle

Très présente à l’international, la certification Leed Exploitation and Maintenance (Leed O+M) a encore du mal à se faire une place en France. Seuls dix projets ont été certifiés dans l’Hexagone. Ella Etienne nous en dit un peu plus : « elle est dédiée à l’acteur principal de l’actif (propriétaire, monolocataire…) avec pour principal attrait, son rayonnement international. Elle permet d’inscrire un bâtiment existant dans une stratégie environnementale en phase exploitation. Tout comme le Breeam In Use et le HQE Exploitation, l’évaluation porte sur la performance intrinsèque du bâtiment et la qualité d’exploitation, l’évaluation de la qualité d’utilisation du bâtiment restant optionnelle. »

 

 

De nouvelles certifications pour de nouveaux besoins

Outre l’aspect environnemental, de nouveaux labels ou certifications se sont développés ces dernières années avec comme préoccupation principale, la qualité de vie au travail, la connectivité ou encore la biodiversité. « Nous avons développé le label Biodivercity pour qu’il soit complémentaire aux certifications généralistes (HQE, Breeam, Leed …). Notre label n’est pas encore opérationnel en exploitation mais nous souhaitons proposer celui-ci sur les bâtiments existants pour compléter notre offre existante sur la construction. L’idée est vraiment de créer une relation entre l’homme et la nature », explique Luc Monteil, président du CIBI.

 

Biodivercity, un label très « nature »

« Nous voulons travailler surtout sur ce que la présence de la nature peut apporter de bénéfique : la diminution du stress ou une meilleure créativité par exemple », poursuit-il. Pour la partie exploitation des bâtiments tertiaires, le label s’appelle Biodivercity Life avec une motivation simple : « beaucoup d’efforts sont faits en construction mais ceux-ci peuvent être rapidement perdus s’il n’y a pas de suivi. Nous devions donc nous engager dans cette voie. » Le coût des frais de labélisation en exploitation est d’environ 12 000 € auquel il faut ajouter les coûts de l’assesseur (autour de 25 000 €). Le cheminement dans la quête du label s’appuie d’une part sur l’inventaire des espèces en place avec l’intervention d’un écologue qui va définir comment valoriser au mieux ces espèces. D’autre part, cela concerne l’organisation de l’occupant et le management de l’environnement. Un référent avec une feuille de route doit être désigné pour la végétalisation des espaces, l’introduction d’oiseaux, de chauves-souris, d’insectes de manière spontanée sans intervention humaine, simplement par l’adaptation de ces lieux. « Nous utilisons aussi des outils de mesure quant au potentiel écologique avec toujours pour objectif de maximiser les bénéfices de l’environnement pour les utilisateurs » ajoute Luc Monteil.

 

Wiredscore, pour valoriser la connectivité

Dans un domaine différent, le label WiredScore est en train de se faire une place. Il s’agit d’un système d’évaluation pour les immeubles de bureaux permettant aux propriétaires de comprendre, d’améliorer et de promouvoir la connectivité de leurs biens. Il existe plusieurs niveaux de certification : Non-Certified, Certified, Silver, Gold et Platinum. Les immeubles sont évalués sur une grille de notation, élaborée avec des experts en télécoms et en immobilier, qui s’articule autour des principales préoccupations des utilisateurs à savoir : un temps d’installation réduit, une connexion fiable et rapide. Natalia Turkiewicz, directrice commerciale chez Wiredscore France explique la genèse de la mise en place de ce label : « nous nous sommes rendus compte que de plus en plus de monde utilisait internet mais que 84 % des cadres affirment rencontrer des problèmes avec leur connexion. Ce constat laisse apparaître en parallèle une baisse de la motivation et de la productivité. Nous avons donc voulu valoriser les entreprises mettant en place des mesures pour garantir la bonne connectivité de leurs salariés. Nous évaluons l’immeuble sur 100 points avec quatre grands volets : infrastructure filaire du bâtiment, infrastructure sans-fil, résilience aux pannes pour assurer une continuité du service et un volet administratif. Nous avons environ 100 projets en cours de labélisation en France. »

 

 

 

 

Le bien-être au travail, au coeur des préoccupations d’Ozmoz et Well

Thème très en vogue, le bienêtre au travail n’échappe pas aux certifications et labels. Certivéa a dévoilé en mars dernier son label Ozmoz qui vise à l’amélioration de la qualité de vie au travail. Patrick Nossent nous l’explique : « c’est une démarche qui s’articule parfaitement avec la démarche HQE. L’objectif de ce label est d’améliorer la qualité de vie au travail de l’utilisateur mais aussi d’améliorer la performance des organisations. Nous travaillons avec trois leviers d’actions : le bâti, l’aménagement intérieur et l’animation RH ». Dans cette optique, six thèmes ont été choisis pour évaluer la performance : la santé environnementale, l’hygiène de vie, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, la communication et le lien social, les fonctionnalités et la démarche collaborative. « La particularité d’Ozmoz c’est qu’il n’y a pas de prérequis et que nous offrons un engagement à la carte sur la durée grâce à un niveau de labélisation par levier. Nous avons déjà sept opérations pilotes en cours », se félicite Patrick Nossent. Proche d’Ozmoz dans sa volonté de s’appuyer sur le bien-être des salariés, Well Building Standard focalise son action sur les occupants des bâtiments plutôt que sur les bâtiments. Sept principaux facteurs sont pris en compte : l’air, l’eau, la lumière, l’activité physique, le confort, l’alimentation et le bien-être psychologique. Ces sept catégories se traduisent par 102 critères d’évaluation. Il existe trois niveaux pour le label Well : Silver, obtenu lorsque 100 % des prérequis sont respectés ; Gold, lorsque 100 % des prérequis et 40 % des optimisations supplémentaires applicables sont mises en place, Platinium, lorsque 100 % des prérequis et 80 % des optimisations supplémentaires applicables sont réalisées. Les certifications Well sont attribuées par le GBCI, Green Business Certification Inc.