Redéfinir la gestion de l'environnement de travail: des transitions décisives

L'économiste lauréat du prix Nobel Milton Friedman a dit un jour que « seule une crise - réelle ou perçue - produit un véritable changement». Avec la pandémie. les organisations sont confrontées à une telle crise et à des changements considérables, notamment pour l'environnement de travail.

Afin d'appréhender au mieux ces changements importants, le facility management doit se redé­finir dans le monde post-covid. Selon moi, trois voies sont décisives à prendre pour cela: l'expé­rience de l'environnement de travail, la digitalisation et les technologies, les enjeux environnementaux. 

L'expérience de l'environnement de travail 

Une étude récente menée par l'IFMA - Interna­tional Facility Management Association -indique qu'au moins 33 % des salariés s'attendent désor­mais à travailler majoritairement à distance. Aussi, 72 % d'entre eux recherchent un mix entre bureau et travail à distance - ce que l'on appelle l'« espace de travail hybride» - tan­dis que 53 % pensent que les organisations utilise­ront davantage les sites de coworking, bureaux satel­lites et espaces similaires à l'avenir.
Le lieu de travail est amené à être conditionné par une situation. Nous travaillerons où cela a le plus de sens à un moment donné, où nous nous sentons le plus à l'aise et efficaces. Les organisations devront faire preuve de plus de flexibilité et prendre en compte les besoins individuels pour une expérience collaborateurs optimale.

L'environnement de travail amélioré grâce à la technologie 

En termes de technologies, trois champs d'action sont clés pour les facility managers: 

• L'entreprise-Favoriser la productivité, la connec- tivité et la collaboration,
• Les utilisateurs - Optimiser la santé, le bien-être, le confort et la commodité,
• Les installations - Maximiser la performance, le taux d'occupation, réduire les coûts, etc.

Il est important de connecter les différentes tech­nologies présentes dans le bâtiment qui devient toujours plus intelligent. Aussi, il est essentiel d'avoir une vision claire de son portefeuille d'ac­tifs et de garder les plateformes technologiques aussi ouvertes que possible pour continuer à éta­blir de nouvelles connexions, les intégrer dans les processus opérationnels et créer de la valeur.

Les défis environnementaux

L'environnement bâti est responsable de près de 40% des émissions de carbone dans le monde*. Mesurer et mieux maitriser les consommations énergétiques au sein de son portefeuille immo­bilier est vital. Cependant, ces enjeux deviennent plus relatifs lorsqu'ils touchent au confort individuel comme par exemple une température trop basse dans les bureaux. Le défi consiste alors à trouver le bon équilibre entre réduire l'impact environne­mental et garder l'individu au centre. 

Dans le monde post-Covid, il sera primordial de repositionner le FM. Il appartiendra aux DET, en collaboration avec les RH, l'IT et les autres dépar­tements, d'aligner l'environnement de travail avec la culture et les objectifs de l'entreprise. Il s'agit aussi de responsabilités stratégiques qui s'articu­leront autour du maintien de lieux de travail sains et sûrs, de l'augmentation de la flexibilité orga­nisationnelle et la stimulation de la productivité. L'ensemble de ces aspects sont essentiels et repré­sentent selon moi la voie à suivre pour réinventer la profession et envisager les nouvelles opportunités qui émergeront à l'avenir. 

PETER ANKERST JERNE
Président de l'IFMA et Directeur de la Stratégie du groupe Planon.