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On sait depuis longtemps que les open spaces n’ont pas bonne presse auprès des salariés. Dans une étude publiée le 2 juillet par The Royal Society Publishing, deux chercheurs britanniques confirment, chiffres à l’appui, les conséquences néfastes du décloisonnement non réfléchi des espaces de travail.

Selon une étude de l’institut britannique The Royal Society Publishing, les bureaux décloisonnés nuisent à la collaboration et à l’intelligence collective. Dans leur enquête, les chercheurs affirment même qu’« adopter des bureaux ouverts semble avoir pour effet pervers de réduire plutôt que d’augmenter les interactions productives. » Pour en arriver là, ils ont étudié le comportement des employés de deux multinationales avant et après le décloisonnement de leur espace de travail. Pour ce faire les employés ont été équipés de badges sociométriques, d’un micro, d’un accéléromètre (pour mesurer leurs déplacements et leur posture) et d’un capteur bluetooth capable de déterminer leur localisation. Dans la première entreprise étudiée, les résultats sont édifiants : trois mois après l’installation de l’open space, les interactions directes avaient chuté de 72 % tandis que les échanges d’e-mails progressaient de 56 % et ceux par messagerie instantanée de 67 %. « Même si tout le monde peut voir tout le monde à tout moment (ou peut-être parce que les salariés sont dans cette situation), les interactions virtuelles ont remplacé les interactions directes », décrypte l’étude.

Dans la deuxième entreprise étudiée, davantage de facteurs ont été pris en compte (genre, proximité entre collègues, fonction occupée…), mais les résultats sont sensiblement identiques. Certes, les collègues appartenant à une même équipe et se trouvant à proximité immédiate communiquent davantage, aussi bien en face à face que par e-mails ou messagerie instantanée, mais de manière générale, la tendance est là aussi à une diminution drastique des échanges directs. Les face à face ont reculé de 67 % tandis que les e-mails ont augmenté de 20 à 50 % en fonction du niveau de proximité entre collègues.

 

En quête de discrétion

Pourquoi cette évolution des comportements ? Face à la modification de leur environnement de travail, les salariés déploieraient des stratégies visant à préserver leur intimité. Plutôt que d’échanger en direct dans un espace ouvert où tout le monde peut entendre leur conversation, ils préfèrent communiquer en toute discrétion par e-mails ou messagerie instantanée. Autre conséquence de la cohabitation en open space, de plus en plus de salariés s’isolent en écoutant de la musique avec un casque audio ou en adoptant un air très concentré pour éviter d’être dérangés. « A l’ère digitale, les gens ont le choix entre de multiples canaux d’interaction. Un changement de leur environnement de travail a un impact immédiat sur les choix qu’ils sont amenés à faire », souligne l’étude, qui rappelle aussi que « la relation entre l’agencement intérieur et l’intelligence collective dépasse les seules considérations techniques. » Autrement dit, il ne suffit pas de décloisonner un espace de travail pour améliorer la collaboration. Il faut aussi que cet espace soit conçu pour respecter les besoins de chacun (concentration, intimité, etc).