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En raison de la crise sanitaire, la demande d'espaces de coworking a fortement chuté et le taux d'occupation des bureaux restés ouverts est inférieur à 20 %. Mais si la part de la demande placée est passée de 9,5 % fin 2019 à 5 % au premier trimestre 2020, ce n'est pas nécessairement à cause de la pandémie. Explications avec Savills.

Selon Savills, conseil international en immobilier, la part de demande placée en coworking est passée en Europe de 9,5 % fin 2019 à 5 % au premier trimestre 2020. Ce marché, qui a connu une croissance exponentielle entre 2017 et 2019, arrive à présent à maturité et les grands acteurs du secteur ralentissent leur expansion. Pour Eri Mitsostergiou, analyste recherche Europe Savills, « il apparaît clairement que crise sanitaire ou non, le ralentissement du secteur du coworking peut être attribué à son arrivée à maturité. Les grands acteurs du marché tels que WeWork et IWG ont cessé d'ouvrir de nouveaux espaces et s'attachent désormais à réduire leurs coûts, ce qui ouvre le champ à des opérateurs plus petits toujours dans une dynamique d'acquisition ». Autre argument qui explique ce ralentissement : à Londres, Paris et Barcelone notamment, « le manque permanent de nouveaux lieux de qualité explique sans doute aussi en partie la diminution de la demande placée. Il faudra encore attendre pour voir si cette situation sera affectée à plus long terme par l'épidémie de Covid-19. »

 

« Crise sanitaire ou non, le ralentissement du secteur du coworking

peut être attribué à son arrivée à maturité »

 

Bien que de nombreux opérateurs d'espaces de coworking soient restés ouverts pendant le confinement en vigueur dans les pays européens, le taux d'occupation des bureaux est inférieur à 20 %, avec des bureaux privés restés partiellement occupés tandis que la demande pour les espaces de coworking proprement dits chutait fortement en raison des risques de contagion encourus par leurs utilisateurs.

 

De nouveaux défis à venir

Pourtant, malgré la crise sanitaire, les espaces de coworking ont fait preuve de flexibilité pour répondre aux craintes des utilisateurs. Pour Cédric Chirouze, associate Workthere Savills, c’est le révélateur d’un bouleversement dans les modes de travail à venir. « Le coworking peut jouer un rôle clé dans cette révolution en apportant des solutions pertinentes, grâce au savoir-faire accumulé ces dernières années, en termes de space-planning, de création d'espaces de rencontre, de bien-être au travail. Le « wellness » est au cœur même des préoccupations des utilisateurs. Nous constatons déjà que de nombreux espaces de coworking ont repensé leur offre afin de mieux répondre aux différents défis qui nous attendent. » Par ailleurs, le développement du télétravail pourrait également accentuer le recours aux espaces de coworking. Jessica Alderson, analyste recherche monde Workthere Savills précise que les entreprises « pourraient décider de recourir à la fois aux bureaux classiques et au coworking sur différents sites. Cela pourra également entraîner une demande accrue pour des espaces de coworking se trouvant hors du centre-ville mais à proximité de pôles de transports en commun. »

D'après le dernier sondage d'opinion mondial de la plate-forme Workthere, une plateforme de Savills, les opérateurs d'espaces de coworking s'attendent à un taux d'occupation de 71 % à la fin mai, contre 83 % avant l'épidémie.